PEKIN/MOSCOU (Reuters) — La Chine a implicitement rejeté hier l'invitation de Téhéran à visiter deux sites nucléaires iraniens. La Russie a pour sa part déclaré que l'offre iranienne méritait attention mais qu'une telle visite ne pourrait jamais se substituer aux inspections des sites par l'Agence internationale de l'énergie atomique (Aiea), ni aux négociations entre Téhéran et les grandes puissances. L'Iran a invité les ambassadeurs de Chine et de Russie auprès de l'Aiea, dont le siège est à Vienne, à participer à la visite de ses installations. Les ambassadeurs des autres pays du groupe qui mène les discussions avec Téhéran — Etats-Unis, Grande-Bretagne, France et Allemagne — n'ont pas été invités. "Le représentant (chinois à Vienne) est en Chine actuellement et il lui sera difficile de se rendre en Iran", a simplement déclaré Hong Lei, porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères. Cette mise au point de Pékin intervient alors que le Président Hu Jintao doit accomplir une visite d'Etat la semaine prochaine à Washington et que la question du nucléaire iranien est l'objet de frictions avec les Etats-Unis. Pour Shi Yinhong, spécialiste en relations internationales à l'université Renmin à Pékin, la décision chinoise vise de toute évidence à ne pas assombrir cette visite de Hu Jintao aux Etats-Unis et à montrer que la position américaine est respectée par les autorités chinoises. La Chine a soutenu les résolutions du Conseil de sécurité de l'ONU pressant l'Iran d'abandonner son programme nucléaire que les Occidentaux soupçonnent d'avoir des fins militaires. Les liens commerciaux et énergétiques que les Chinois entretiennent avec l'Iran demeurent toutefois très forts et Pékin se refuse à des sanctions unilatérales suivant la position de l'Union européenne et des Etats-Unis. Des diplomates occidentaux ont indiqué la semaine dernière que la Russie et la Chine avaient été activement incitées à ne pas participer à cette visite proposée par Téhéran afin de ne pas faire apparaître de divisions dans le groupe dit 5+1 (les cinq membres permanents du Conseil de sécurité et l'Allemagne). La haute représentante de la diplomatie européenne, Catherine Ashton, a déclaré vendredi dernier que l'UE avait également rejeté l'invitation. "L'inspection des sites nucléaires relève des attributions de l'Aiea et j'espère que l'Iran garantira que l'Aiea soit en mesure de s'y rendre et de poursuivre son travail", a-t-elle dit. Pour le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, "une telle visite (sur les sites iraniens) ne peut en aucun cas remplacer les inspections de l'Aiea". Interrogé hier à Moscou, il n'a cependant pas dit quelle serait la réponse russe. L'Iran a affirmé en début de semaine que les négociations en cours entre Téhéran et les grandes puissances ne seraient pas affectées par le refus de l'Union européenne. Les cinq membres permanents du Conseil de sécurité plus l'Allemagne doivent retrouver les négociateurs iraniens les 21 et 22 janvier à Istanbul.