Après plusieurs réunions entre les deux protagonistes dans l'affaire de la Ligue Tunisienne des Droits de l'Homme (LTDH), aucun accord n'a été conclu. Les membres du comité directeur et les plaignants se renvoient la balle sur cet échec qui replonge la Ligue dans la crise. Pour en savoir plus, nous avons rencontré le porte-parole des plaignants Me Chedli Ben Younès pour nous expliquer les causes de ce blocage. Nous avons demandé à rencontrer aussi un des membres du comité directeur qui ont jusqu'à présent refusé toute déclaration. • Le Temps : Le déroulement des négociations a suscité par moment de l'espoir parmi les adhérents de la Ligue et les observateurs. Quelles sont donc, d'après vous les causes de ce blocage et de l'échec des pourparlers entre vous et les membres du comité directeur ? Me Chedli Ben Younès : Lors de la réunion du 21 avril dernier les membres du comité directeur ont proposé l'injection d'un ou deux membres dans les comités issus des congrès des secteurs tenus sans la présence d'un membre du comité directeur et l'organisation de réunions avec les adhérents de ces sections, pour donner une légitimité à ces comités " autoproclamés ". Nous avons refusé car pour nous c'est pratiquement la tenue de nouveaux congrès. On a exigé qu'en réponse à notre reconnaissance des 24 sections dont les congrès ont été organisés par le comité directeur et à notre renonciation à l'application des jugements en notre faveur, le comité directeur s'engage à reconnaître les comités des sections en question. Mais le comité directeur a jugé que c'est un mauvais précédent que de reconnaître des comités issus de congrès tenus sans la présence d'un membre du comité directeur. On a proposé la tenue de congrès des sections qui n'ont pas organisé leurs congrès. A savoir, celles de Nabeul, Sbeïtla, Zaghouan, Tebourba et El Ouardia. Ils ont répondu qu'il y a des sections qui ont disparu comme celles de Tebourba et de Zaghouan et d'autres doivent être fusionnées : Nabeul-Hammamet et Sbeïtla-Kasserine. Quant aux adhérents de la section d'El Ouardia, ils doivent rejoindre la section de Montfleury. Nous avons refusé toute nouvelle fusion qui est la cause principale de notre différend avec le comité directeur. • Mais après, vous avez accepté, sous certaines conditions, ces fusions ? -Avec l'accord des autres plaignants j'ai envoyé le 14 mai une lettre aux deux médiateurs Me Abdelwaheb El Béhi et M.Moncer Rouissi, dans laquelle j'ai avancé certaines propositions qui constituent une autre concession importante de notre part. Nous avons accepté la fusion des sections de Hammamet-Nabeul et celles de Sbeïtla-Kasserine mais à condition que la majorité des adhérents de ces sections l'accepte. Nous nous sommes aussi prononcés pour la tenue de réunions avec les adhérents des autres sections et l'injection d'un ou deux nouveaux membres dans leurs comités avec l'approbation de la majorité des adhérents et en présence de l'un des deux médiateurs. Nous avons aussi établi un calendrier pour la tenue de ces réunions en juin et du conseil national avant la fin de ce mois et la fixation de la date du congrès en juillet. • Apparemment, le comité directeur n'a pas accepté ces propositions ? -On a tenu une réunion le 20 mai pour discuter de ces propositions. Tous les participants et en premier lieu le président de la Ligue ont enregistré avec satisfaction le contenu de ces propositions et ont approuvé la tenue d'un conseil national en juin et la fixation de la date du congrès au courant des 45 jours qui suivent. Mais, en ce qui concerne l'injection de nouveaux membres dans les comités des sections, les membres du comité directeur qui réclamaient un ou deux membres ont fait volte face, en réclamant 3 dans le comité de la section de Séjoumi, 3 dans celui de Tataouine, 4 au Kef, 4 pour Kasserine-Sbeïtla, et 3 pour Nabeul-Hammamet. J'ai refusé leurs revendications et j'ai maintenu le nombre de deux au maximum. On a reporté la réunion au 26 du mois. Mais, le désaccord persistait. Le 27 mai, Me Trifi, le président de la Ligue m'envoyait un fax en proposant le renouvellement de deux membres sur les sept dans les comités des sections de Séjoumi, Montfleury et Tataouine et le renouvellement de cinq dans les comités des sections de Hammamet-Nabeul, Kasserine-Sbeïtla, et le Kef. Ce n'est pas sérieux. • Donc, c'est l'impasse. Mais, y a-t-il une issue ? -Honnêtement, le comité directeur doit faire d'autres propositions sérieuses. • Et vous ? -Je propose le renouvellement des congrès des sections démocratiquement par des élections libres et transparentes, en présence d'un des deux médiateurs. Mais, je maintiens la proposition de l'injection d'un ou deux nouveaux membres dans les comités des sections concernés. Pour les autres on organisera des congrès sur la base du consensus. Interview réalisée par Néjib SASSI