On redoutait, on l'a écrit ici même il y a une semaine, que la rencontre contre la France ne soit une sorte de mauvaise météo qui risque de nous tromper sur le temps à venir. Or, il est heureux qu'elle n'ait annoncé ni orages qui menacent ni un ciel dégagé de tout cumulus. Mais elle fut utile quand même pour qu'à travers les oscillations de son baromètre, on a pu mesurer la tension que ce symbole qu'est l'équipe nationale peut encore nous procurer. Ce qui s'est produit dimanche est propre à nous tranquilliser, car rien n'est venu troubler ce dont on s'est promis de faire pour l'avenir. Un résultat tout juste dans les normes à la dimension d'un adversaire quelconque, et le constat d'un ensemble Tunisien en devenir que les potentialités éparses ont fait transparaître. Des prémisses encourageantes nous ont fait croire au retour d'un public jusque là boudeur et sceptique à force d'être abusé. Nous découvrîmes même une presse désormais diverse dans son jugement et nuancée dans ses critiques. La modestie qui caractérisa cette rencontre dans tous les domaines, ne peut nous confirmer dans nos illusions passées ni nous décourager pour accomplir avec réalisme ce dont nous nous sommes promis. La modestie de l'événement nous a fait éviter la routine dans laquelle on se serait retombés si un exploit aussi vain qu'éphémère nous avait, dimanche, auto satisfait. Il reste que nous ne devons point oublier la blessure que notre amour-propre a subie il y a quelques mois, non pas pour en faire un complexe mais pour nourrir nos motivations. On ne peut donc rêver d'un décor aussi approprié que celui que Tunisie-France dans ses dimensions humaines a su planter.