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Enquête sur une polémique
Théâtre: Après le refus de l'équipe «El Teatro» de la Scène d'or qui a été décernée à son espace
Publié dans Le Temps le 10 - 06 - 2010

La large polémique soulevée depuis plus d'une semaine par Taoufiq Jebali suite à l'attribution des prix de « La Nuit du théâtre» et le geste spectaculaire qu'il a osé en renvoyant au jury de cette manifestation le trophée en cristal de Bohême décerné à l'Espace El Teatro, continuent d'animer la scène artistique tunisoise.
Nous avons pris connaissance, entretemps, de la lettre dans laquelle l'équipe d'El Teatro exprime et justifie son refus de la Scène d'or récompensant cet espace artistique et culturel. La réponse à cette missive rédigée par M. Mohamed Mediouni, président du comité d'organisation de la Nuit du Théâtre tunisien, nous est également parvenue. D'autre part, nous avons lu dans la presse et suivi à la radio et à la télé les propos et les réactions des deux protagonistes de la querelle ainsi que les commentaires suscités autour d'eux par cette « controverse ». Néanmoins, et par souci d'objectivité, nous commencerons par rappeler l'essentiel du texte de la lettre qui a déclenché l'événement, ensuite nous reproduirons quelques extraits (traduits par nos soins) de la réponse de Mohamed Mediouni et donnerons enfin la parole à une figure connue de la critique théâtrale en Tunisie, en l'occurrence le professeur universitaire et le journaliste Mohamed Moumen, lui-même honoré le 26 mai dernier.
Manœuvre contre El Teatro ?
Dans la lettre qu'ils ont adressée, le 31 mai dernier, au Jury de la 2ème édition de La Nuit du Théâtre tunisien et au président du comité d'organisation de cette manifestation, Taoufiq Jebali, Zayneb Farhat et Sabri El Atrous considèrent que les œuvres produites par l'Espace El Teatro étaient inconnues de la plupart des membres du jury et que les brochures et catalogues publiés à l'occasion ne daignaient même pas les citer alors que conformément aux règlements relatifs à la sélection des pièces, elles devaient figurer sur la liste des œuvres en compétition. Les signataires de la lettre estiment que cette exclusion dénote le peu de considération que la Direction du théâtre accorde à l'Espace El Teatro, à ses productions et à ses activités. Ils déplorent également que leur compagnie n'ait bénéficié d'aucune subvention six années durant sous prétexte qu'elle employait des artistes jeunes et amateurs. Pour eux, l'attribution d'une Scène d'or à El Teatro est une manœuvre qui vise à masquer ces attitudes négligentes de la Direction du théâtre et de ses diverses commissions envers les œuvres de leur troupe et ses efforts au profit de la promotion du théâtre tunisien.
Une piètre mise en scène
Pour M. Mohamed Mediouni, qui commence par rappeler les principes généraux ayant présidé à l'institution de la tradition de la Nuit du théâtre tunisien et les principaux objectifs de ladite manifestation, le plus important dans cette célébration ce ne sont pas ses récompenses mais le projet qui la sous tend. Selon lui, la lettre de Taoufiq Jebali recèle d'étranges confusions qui ne sauraient être fortuites. Son auteur, ajoute-t-il, ne cherche qu'à semer la zizanie et qu'à faire le spectacle autour de lui. En répondant aux accusations d'impartialité et de négligence visant le jury de la manifestation et la Direction du théâtre, M. Mediouni souligne la tendance des signataires à se contredire et à aller à l'encontre des principes auxquels ils ont par le passé souscrit et pour lesquels des générations entières d'artistes ont milité des décennies durant. Tout en disculpant ensuite le comité d'organisation et le jury de la Nuit du théâtre tunisien, Mediouni rassure Taoufiq Jebali quant au prix décerné à son théâtre et qu'il juge amplement mérité. Néanmoins, il regrette que le réalisateur de « Manifestou Essourour » recoure à une piètre mise en scène où il se présente en victime et en héros à la fois. Pour l'organisateur de la Nuit du théâtre tunisien, la manifestation du 26 mai 2010 fut un excellent révélateur des tensions et de l'agressivité qui animent les acteurs de la scène théâtrale en Tunisie, et dont le 4ème art se passerait bien sous nos cieux.
Mohamed Moumen : « Accepter les règles du jeu ! »
« La polémique déclenchée par Taoufiq Jebali n'avait pas lieu d'être et elle est loin d'honorer ceux qu'elle oppose et encore moins les hommes du théâtre et de la culture sous nos latitudes. En ce qui me concerne, j'estime que Jebali avait la possibilité, avant même la célébration de la Nuit du théâtre tunisien, de refuser que son nom ou celui de son espace figurent sur la liste des nominés pour les prix de la manifestation. Il savait en effet que son théâtre était proposé pour recevoir une des récompenses de la soirée du 26 mai dernier. Cela me fait penser au livre de Roger Caillois, Les Jeux et les hommes. Quand on accepte de participer à un jeu, il faut en accepter également les règles. C'est cette évidence qui a échappé à Taoufiq Jebali ou qu'il a feint d'ignorer pour pouvoir orchestrer son coup publicitaire. Dans le domaine du marketing, la culture de l'esclandre fait désormais partie des armes les plus efficaces pour réaliser des profits considérables ! Mohamed Mediouni a de toute manière su réagir à la campagne tapageuse et je l'en ai félicité. Cela dit, si l'on considère les récriminations de Taoufiq Jebali sous un autre angle, et qu'on les transpose dans un autre contexte que celui qui touche à la Nuit du Théâtre tunisien, on trouverait sans doute des raisons au mécontentement du réalisateur d' «Ennas Lokhra». La question des subventions et celle du cahier des charges méritent, il est vrai, un débat large et franc. Mais, à ma connaissance, ce n'est pas Mohamed Mediouni qu'on a chargé de ces dossiers ! »
Etourderies et excès de susceptibilité
Il est à noter que les auteurs de la lettre de refus étaient manifestement trop tendus au moment de sa rédaction. A preuve, les « étourderies » que leur texte trahit et dont nous ne citerons que les plus criardes, à savoir le nouveau nom donné à la Nuit du théâtre tunisien qui devient les Nuits du théâtre, et le flottement au sujet du nombre exact des créations de l'espace El Teatro dont on ne sait plus s'il est égal ou inférieur à cinq ! La lettre dénote par ailleurs un excès de susceptibilité à tout le moins surprenant de la part d'artistes mûrs et responsables et qui ne devaient donc pas provoquer de scandale à cause d'un prix qui départage « équitablement » Abel et Caïn ! Les gens du théâtre ne sont-ils pas tous frères ? Le jury devait-il, pour contenter l'équipe de Jebali et honorer ses efforts, lui décerner tous ses prix, même celui de la critique théâtrale ?
Il faut crever l'abcès
Pour ce qui est de la réponse de Mohamed Mediouni, nous la trouvons plus mesurée même si elle donne le sentiment, à force de désigner Taoufiq Jebali comme unique signataire de ce que nous avons appelé la lettre de refus, qu'un différend latent opposait les deux hommes avant même cet incident. D'autre part, et du moment que les responsables de la culture sont, comme le dit en substance le texte de Mediouni, conscients du malaise profond qui sévit au sein de la « famille » des artistes, pourquoi la Nuit du Théâtre tunisien ne donnerait-elle pas lieu, dorénavant, à une série de manifestations et de rencontres en marge de la cérémonie de remise des Scènes d'or et ce pour exposer, étudier et surtout résoudre les problèmes les plus épineux du secteur ? Taoufiq Jebali et son équipe voulaient peut-être attirer l'attention du public le plus large sur des dessous que d'autres s'ingénient à couvrir. L'occasion était, diriez-vous, mal choisie pour le faire et il y a beaucoup à redire sur la manière dont les mécontents s'y étaient pris. Certes ; mais les « abcès culturels » tunisiens, il faut bien les crever un jour !
Badreddine BEN HENDA
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Exclusivité
La valeur pécuniaire des Prix de la Nuit du Théâtre tunisien
Le Temps a pu obtenir le document qui détaille le montant en dinars tunisiens des prix décernés le 26 mai dernier à l'occasion de la Nuit du Théâtre tunisien. Voici dans l'ordre la liste des 20 récompenses et de leurs valeurs respectives en termes pécuniaires :
La Scène d'or du meilleur spectacle (pour adultes) : 5000 dinars
La Scène d'or du meilleur spectacle (pour jeune public) : 5000 dinars
La Scène d'or de l'écriture théâtrale (adultes) : 2500 dinars
La Scène d'or de l'écriture théâtrale (jeune public) : 2500 dinars
La Scène d'or de la mise en scène (adultes) : 2500 dinars
La Scène d'or de la mise en scène (jeune public) : 2500 dinars
La Scène d'or de l'interprétation masculine : 1500 dinars
La Scène d'or de l'interprétation féminine : 1500 dinars
La Scène d'or du meilleur espoir masculin : 1000 dinars
La Scène d'or du meilleur espoir féminin : 1000 dinars
La Scène d'or de la meilleure scénographie : 2000 dinars
La Scène d'or du meilleur éclairage : 1500 dinars
La scène d'or de la meilleure bande-son : 1500 dinars
La Scène d'or de la production et de la distribution : 2500 dinars
La Scène d'or de l'espace théâtral : 3000 dinars
La Scène d'or de la diffusion de la culture théâtrale : 3000 dinars
La Scène d'or de la meilleure œuvre destinée aux adultes : 1500 dinars
La Scène d'or de la meilleure œuvre destinée aux enfants : 1500 dinars
La Scène d'or de la critique théâtrale : 1500 dinars
La Scène d'or du meilleur parcours théâtral : 5000 dinars
Total des montants : 48.000 dinars
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Mohamed Moumen :
«La Scène d'or de la critique théâtrale, pour barrer la route aux charlatans ! »
Mohamed Moumen nous a livré également ses impressions sur la Scène d'or de la critique théâtrale qui lui a été attribuée à l'occasion de la Nuit du Théâtre tunisien : « C'est bien sûr une récompense dont je m'enorgueillis, même si elle m'a valu une réaction très gratuitement malveillante de la part d'un semblant de détracteur. Les organisateurs ont, à mon avis, pris une bonne initiative en instituant ce prix symbolique qui toutefois stimule les bonnes plumes et barre la route aux charlatans de la critique théâtrale. »
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L'hommage à Albert Memmi reporté
Initialement prévu du 15 au 17 juin 2010 à Tunis, l'hommage à Albert Memmi a été reporté. Cela n'enlève rien à l'intensité du débat autour du personnage et notre article d'hier, intitulé " La quête des origines, une manière d'être au monde " met l'accent sur les lambeaux de l'identité réelle d'Albert Memmi. " Ecrivain lucide et clairvoyant et qui, dans les magmas de ses déchirements, n'a eu cesse d'interroger ses extrêmes : l'Orient et l'Occident.
La Rédaction
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Exposition de Miquel Wert à L'Espace Aire Libre d'El Teatro
Défilé de souvenirs
Arrivé tout droit de Barcelone depuis le début du mois d'avril, Miquel Wert, invité dans le cadre des projets d'échanges d'artistes entre la Tunisie et l'Espagne, nous présente une exposition entièrement travaillée pour l'occasion, à L'Espace Aire Libre d'El Teatro.
Diplômé de l'Ecole Supérieure des Beaux-Arts de l'Université de Barcelone en 2005, il compte à son actif plus de quatre expositions individuelles entre l'Italie, l'Espagne et la France.
De culture mixte, Espagnol aux origines suédoises, Miquel Wert recherche dans ses peintures les éventuels ancêtres qu'il n'a pas connu.
On visite donc l'exposition comme si l'on feuilletait un vieil album de famille, page après page, en s'apercevant que les images, les visages se sont estompés. Les photos noir et blanc et sépia se sont voilées laissant deviner plutôt que révéler.
Il s'agit de variations autour de personnages, de familles, ici un portrait, là une pose pour la postérité. Des scènes intemporelles qui se seraient échappées d'un rêve.
Miquel Wert utilise le traitement propre au fusain et entraine un dialogue entre ombres et lumières, c'est un travail tout en valeurs. Grâce aux possibilités lumineuses de cette technique, il réalise une véritable étude du sujet et en module les contrastes avec une belle maîtrise.
Il tient compte de la direction de la lumière dès le début de la réalisation, laquelle est évoquée par les différentes textures de la poudre noire. Juxtaposer des effets, comme l'estompe et les hachures, l'aide à créer une dynamique visuelle où les plans rapprochés se distinguent des plans plus flous. On l'avait vu à l'œuvre, peignant sur les murs du Palais Abdellya dans le cadre du Printemps des Arts de La Marsa.
Et on se rend compte que le blanc du papier, de la toile ou même du mur, joue lui aussi un rôle important, il est la partition sur laquelle s'écrit le dessin et fait partie intégrante de la réalisation, en tant que matériau.
L'acrylique lui sert aussi parfois, à souligner un détail de ses monochromes.
Miquel Wert se plaît en Tunisie, chaleureusement accueilli par l'artiste Dali Belkadhi, il affirme que cette « Total Immersion » lui aura permis de connaître la Tunisie comme jamais aucun touriste n'aurait pu la connaître.
Ce projet d'échange d'artistes entre la Tunisie et l'Espagne pour des séjours de deux mois aura ainsi donné naissance à cette exposition individuelle d'une belle sensibilité.
JISER Réflexions Méditerranéennes est en effet une association espagnole qui a pour dessein d'encourager les échanges artistiques entre la Tunisie et l'Espagne. Créée en 2005, elle compte à son actif plusieurs rencontres et expositions d'art contemporain réunissant des artistes tunisiens et espagnols ainsi que des colloques et conférences traitant principalement de sujets qui concernent la Méditerranée.
En complément de cette exposition, le 18 juin, une Table Ronde sera organisée au sein de l'Espace El Teatro. Elle aura comme thème : Les propositions alternatives pour un art actuel.
Tunisiens et espagnols animeront le débat pendant lequel l'échange sera justement de mise : Mohamed Ben Soltane, artiste et vice-président de Jiser, Amor Ghedamsi, Président du Syndicat des métiers des arts plastiques de Tunisie, Nadia Jellasi universitaire et artiste plasticienne, et Meriem Bouderbala, artiste plasticienne puis Toni Serra et Maribel Perpiñá, directrice de «LaPinta» à Barcelone apporteront leur grande expérience et leur vision personnelle aux problématiques de l'art actuel…
Nadia ZOUARI
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Formation internationale aux métiers du 4ème Art au Centre arabo-africain de formation et de recherche théâtrales
Tunis, plate-forme artistique
Le Centre arabo-africain de formation et de recherche théâtrales fête actuellement sa 10ème année d'existence. En silence et comme si de rien n'était. Et pourtant, bon an mal an, c'est près d'une vingtaine de jeunes professionnels qui viennent s'y former aux arts de la scène. Sans bourse délier.
Mardi 8 juin. Il est 13 heures. La salle est peu éclairée. Le silence est total. Sur la scène, des jeunes entre vingt et vingt cinq ans, de différentes nationalités, s'adonnent à des mouvements peu compréhensibles, sous l'œil vigilant du maître des lieux. On comprend que la parole est donnée aux corps qui s'expriment dans un langage que ne peuvent saisir que les initiés.
Nous sommes au Théâtre El Hamra, à Tunis. Et le maître des lieux n'est autre, évidemment, que Ezzedine Gannoun. Fondateur du Centre arabo-africain de formation et de recherche théâtrales (CAAFRT) qu'abrite El Hamra, il supervise inlassablement, session après l'autre, les séances de formation aux arts, métiers et techniques de la scène dispensée à des jeunes professionnels issus des pays arabes et africains, dont la Tunisie, bien entendu. Les stagiaires de l'actuelle session sont du Liban, de Palestine, de Syrie, d'Egypte, du Bénin, du Mali, du Niger, du Sénégal, de Guinée, du Togo, du Burkina-Faso et de Tunisie, soit dix-neuf au total. Selon les moyens dont peut disposer le Centre, il peut y avoir une à trois sessions par an, et chacune, selon le degré de formation, peut s'étaler sur dix, quinze et même quarante cinq jours. A ce jour, le Centre aura accueilli un peu plus de deux cents stagiaires dans quelque qurante six ateliers de formation. Car les disciplines sont diverses et multiples, elles vont de l'art du comédien à la régie générale, en passant par la mise en scène, la scénographie, la chorégraphie, la lumière, la musique, les costumes, etc. L'actuel atelier est destiné à la formation d'acteur que dirigent conjointement Alia Sellami (voix), Syrine Gannoun Mannaï (anatomie du corps) et Ezzedine Gannoun (formation d'acteur proprement dite).
Déjà en 2003, soit deux années après la création du Centre, une expérience singulière avait eu lieu, comme dans le dessein de tester l'impact desdits ateliers : les jeunes de cette session-là avaient monté et joué une pièce intitulée « Parlons en silence » et dont le succès était palpable dès la première, donnée alors en France.
Or, tous les jeunes professionnels en stage sont pris totalement en charge. Non seulement ils ne paient rien, mais perçoivent de surcroît une petite bourse. D'où le casse-tête des responsables du Centre qui n'ont d'autre financement que celui alloué par des ONG étrangères. Le constat est étonnant : pas un seul pays africain ou arabe (y compris la Tunisie) ne daigne doter le Centre d'une subvention de quelque importance que ce soit.
Unique Centre au monde arabe et africain, le CAAFRT, véritable école de formation théâtrale, s'emploie lui aussi à la manière d'une ONG artistique.


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