Il n'y a pas que de mauvaises nouvelles en provenance d'Afghanistan. Les Talibans, mais le savaient-ils ?, sont assis sur des richesses naturelles estimées au bas mot à mille milliards de dollars. Ce n'est qu'une estimation, bien entendu, une estimation qui ne tient compte ni des richesses réellement quantifiées enfouies dans les profondeurs ni des spéculations boursières qui font, refont et défont les fortunes les mieux assises. S'agissant de matière première, les boursicoteurs ne sauraient rater cette manne venue du ciel et de la terre pour le moment nourrie de massacres sanglants et de mines parsemées tout au long des chemins d'infortune pour le commun des pachtounes et des autres. Pour « les combattants de la liberté » qui ratissent depuis des années ces terres à pavot, cela donne à réfléchir. La liberté est d'autant plus une quête ardente qu'il lui arrive trop souvent de nourrir les affaires multinationales et les portefeuilles boursiers. L'Irak ne serait pas vraiment l'Irak si elle devait n'être qu'un Sahel africain où l'on meurt de faim au milieu de guerres fratricides sans fin. Le pétrole n'est pas officiellement le motif du maintien de surarmées en nombre dans la région, mais la présence de ces derniers aide à réguler le marché et à éloigner les mauvais esprits. Dans les provinces du sud afghan, celles où les combats font rage, on parle désormais d'or, de cuivre et de lithium. La réputation de l'or n'est plus à faire. Celle du cuivre est en train de se consolider à coups de spéculations toujours à la hausse. Le lithium, lui, se fait plus discret, mais non moins redoutable. Il entre dans la fabrication des téléphones et des ordinateurs portables. Mais le clou de l'histoire est que cette nouvelle de première importance n'en est pas vraiment une. Certains initiés étaient au parfum depuis les années 70, soit du temps des soviétiques encore embourbés dans les terrains vaseux de l'Afghanistan. Des plans de gisements avaient même été discrètement dressés dans la perspective de programmes de colonisation alléchants. Les Afghans viennent de tenir une Jirgha, grande assemblée où les chefs sont supposés discuter des solutions à trouver pour redonner un tant soit peu de quiétude aux citoyens. Il n'a pas été dit que les richesses minières du pays aient préoccupé outre mesure les participants. On peut imaginer ici comme ailleurs probablement le même scénario qu'on a observé sous d'autres cieux, on ne va tout de même pas confier les richesses aux gens du pays, passablement attardés. Quitte à oublier les grands principes de démocratie et de liberté affichés au départ. Et si des Talibans pourris par les dollars de la rente sous terraine devenaient les amis des exploiteurs ?