Le 1er mai : journée du muguet, cette jolie fleur qui annonce par sa blancheur éclatante la paix, la quiétude et la concorde. Mais c'est une journée qui, également, rappelle notamment les événements sanglants des travailleurs qui s'érigeaient contre une situation où ils étaient exploités et leurs droits bafoués. Le mouvement ouvrier a commencé en 1886 aux Etats-Unis et plus précisément à Chicago où les travailleurs s'étaient affrontés aux forces de l'ordre suite à une grève générale ayant paralysé tous les secteurs économiques et généré l'arrestation des meneurs tels que Fisher, Parsons et quelques autres, qui furent suite à un procès expéditif, condamnés à mort par pendaison, et exécutés. Mais les ouvriers finirent par obtenir gain de cause pour voir le 1er mai 1886, devenir officiellement un jour célébrant la fête du travail, en mémoire de ceux qui se sont sacrifiés pour la cause des travailleurs, ce mouvement gagnera l'Europe où notamment en France, le congrès international socialiste de Paris déclare le 1er mai 1889, comme journée des travailleurs. Cependant, les manifestations et les affrontements sanglants continuèrent à se développer en France et ailleurs durant les années 1890 et 1891. En 1892, on célébra le congrès international socialiste à Bruxelles, qui proclama le 1er mai comme Journée internationale du travail. Il fallait attendre 1941 pour que le 1er mai soit décrété comme journée de la fête du travail en France par la loi du 12 avril de la même année. Toutefois, par cette loi, le 1er mai n'était pas tout à fait une journée chômée et entièrement payée, puisqu'il était prévu que 50% du salaire fut versée au secours national, par l'employeur. Ce n'est qu'en 1947, pour qu'une nouvelle loi décrète que le 1er mai fut désormais, chômé et entièrement payé. A cette époque, la Tunisie était sous domination française. En 1886, non seulement les travailleurs étaient exploités à outrance et ne pouvaient prétendre à aucun droit, mais ils étaient assimilés à des esclaves. Les travailleurs étaient essentiellement attachés soit au secteur agricole, soit au secteur minier. Les mines de Jérissa et de Gafsa commençaient à être exploitées par les capitalistes français et européens. Les autochtones étaient contents de trouver du travail, et acceptaient toutes les conditions qui leur étaient imposées par les colonisateurs, pourvu qu'il eussent quelque pécule pour subvenir tant soit peu à leurs besoins et à ceux de leurs familles. Dans le secteur agricole la situation était similaire. Bien plus, certains fellahs, après avoir été chassés de leurs terres par les colons, se résignaient à travailler pour le compte de ceux-ci et à se soumettre aux conditions qu'ils leur imposaient et qu'ils n'avaient aucun droit de négocier ou discuter. En 1907, le mouvement Jeunes Tunisiens, de Bach Hamba et ses adeptes faisaient état de cette situation lamentable des travailleurs, en tant qu'un des éléments néfastes du colonialisme. Ce n'était pas donc un mouvement syndical qui s'occupait particulièrement des travailleurs, mais un mouvement politique qui avait pour but de dénoncer une atteinte notoire à la souveraineté du pays par l'occupant. En attendant, les droits des travailleurs étaient bafoués même entre autochtones. Le Bey qui avait à ses services une nuée de travailleurs se souciait peu de leurs droits et ils étaient acculés à obéir quelles ques fussent les conditions où ils étaient appelés à travailler. A titre indicatif, Ahmed Ibn Abi Dhiaf, historien tunisien bien connu, et non moins super ministre du Bey, n'a jamais fait état dans son livre Al Ithaf de la situation des travailleurs. Bien qu'il déplorât toutefois, les abus de pouvoir du Bey et de sa cour. Le Droit du travail était non seulement méconnu à l'époque, mais quelque chose qu'on ne pouvait pas imaginer sans que cela fut considéré comme une rébellion. Comment les travailleurs pouvaient-ils affronter , en effet, les autorités coloniales ? Il a fallu attendre 1925 pour voir jaillir la première étincelle du mouvement ouvrier incité par M'hamed Ali El Hammi. Bien d'autres lui emboîtaient le pas tels que Belgacem Gnaoui, Farhat Hached, Ahmed Tlili, Habib Achour et tant d'autres qui purent obtenir que cesse l'exploitation du travailleur. Celui-ci, a pu recouvrir ses droits grâce au mouvement ouvrier dont des militants ont sacrifié leur sang et leurs vies pour la cause.