48 matchs en deux semaines et la moitié des équipes éliminées! Avec la victoire de l'Espagne sur le Chili et le match nul entre le Portugal et le Brésil vendredi soir, ces quatre équipes se sont qualifiées sans encombre pour les huitièmes de finale et le tableau est complet. Voici quelques points saillants de cette première phase : 1) Seulement deux équipes ont gagné leurs trois matchs de groupe : l'Argentine et les Pays-Bas. 2) En outre, cinq qualifiés sont invaincus : le Brésil, le Portugal, l'Uruguay, les Etats-Unis et l'Angleterre (la Nouvelle-Zélande n'a pas non plus connu la défaite, ni la victoire d'ailleurs, et est éliminée) 3) Les deux finalistes de 2006 sont éliminés : l'Italie et la France. Tous les autres vainqueurs de la Coupe du monde rallient les huitièmes (Allemagne, Angleterre, Argentine, Brésil et Uruguay). 4) L'Amérique du Sud fait le grand chelem : ses cinq équipes en compétition - l'Argentine, le Brésil, le Chili, le Paraguay et l'Uruguay - accèdent aux huitièmes. Ce n'était pas arrivé depuis 1978. Mais c'est l'Europe qui est le continent le plus représenté en huitièmes avec six équipes : l'Allemagne, l'Angleterre, l'Espagne, les Pays-Bas, le Portugal et la Slovaquie. L'Asie (Japon et Corée du Sud) et l'Amérique du Nord (Etats-Unis et Mexique) auront deux représentants et l'Afrique, un (Ghana). 5) La Slovaquie, seul novice du tournoi, s'est qualifiée pour les huitièmes. C'est aussi la seule équipe qui n'avait jamais atteint ce stade de la compétition. C'est l'équipe-surprise du tournoi. 6) Le titre de meilleure attaque revient à l'Argentine et au Portugal avec sept buts inscrits. L'Algérie et le Honduras finissent le tournoi sans avoir inscrit un seul but. Parmi les qualifiés, ce sont l'Angleterre et le Ghana qui ont inscrit le moins de buts, avec deux réalisations seulement. 7) Deux équipes ont maintenu leur filet inviolé : le Portugal et l'Uruguay. La pire défense est revenue à la Corée du Nord :12 buts encaissés. Parmi les qualifiés, la plus mauvaise défense est la Corée du Sud qui a encaissé 6 buts! 8) L'Espagne est la seule équipe qui n'a reçu aucun carton (ni rouge, ni jaune). Le Chili est l'équipe qui en a reçu le plus, avec 11 cartons jaunes. 9) Trois joueurs se partagent, au terme de la première phase, le titre de meilleur buteur : David Villa (Espagne), Gonzalo Higuain (Argentine) et Robert Vittek (Slovaquie) : 3 buts chacun. ------------------------- La presse espagnole : "Cristiano, prépare-toi" ; "Qualification sous tension" La presse espagnole saluait hier la qualification de la "Roja" pour les huitièmes de finale du Mondial-2010 après un match "sous tension" remporté 2 à 1 contre le Chili, également qualifié, mais restait critique après un début de mondial qualifié de "calvaire". "Le groupe de Del Bosque (le sélectionneur espagnol) a montré sa capacité à bien travailler sous haute tension", écrit le journal sportif Marca, qui titre en Une "Cristiano, prépare-toi", en référence au Portugais Ronaldo, prochain adversaire des Espagnols mardi en 8e de finale. "Ca y est, on est en 8e, mais attention, on n'a encore rien gagné", souligne toutefois le journal, qui reste prudent après un début de mondial décevant, marqué par une défaite inattendue face à la Suisse lors du premier match. "L'Espagne supporte une torture", titre El Pais. Après ce troisième match "on ne retrouve pas l'Espagne, ni celle de Vienne (où l'Espagne a remporté l'Euro-2008), ni celle d'il y a quelques mois", souligne le journal, pour qui le jeu le l'équipe "ne prend toujours pas". Mais, "une fois passé le calvaire du premier tour", il est "temps que l'Espagne redevienne l'Espagne", avertit El Pais. "Champions de groupe!", titre en Une quotidien sportif As, qui évoque en pages intérieures un "travail très professionnel", grâce à des "talents individuels" comme David Villa et Andrès Iniesta, auteurs des deux buts contre le Chili. Ce match "a été une grande leçon, on a gagné en joueurs, mais on a perdu en tant qu'équipe", selon As. Pour El Mundo, l'Espagne "obtient sa qualification, en tant que premier de groupe, face à un rival très intense". "Pression, pression et pression, de tous les côtés", résume le journal. "Après avoir vaincu un grand Chili, c'est maintenant un vrai roi de la jungle qui les attend, Cristiano". ------------------------- L'Afrique, les raisons d'un échec Seul le Ghana, comme il y a quatre ans, a franchi le premier tour du Mondial-2010, contredisant la thèse qui voudrait que les sélections africaines progressent. Analyse d'un ratage, entre mauvaise préparation, pression démesurée et effectifs surcotés. On peut diviser les sélections en trois groupes: celles qui ont bien préparé le Mondial mais qui ne disposaient pas de suffisamment de bons joueurs pour rivaliser (Algérie, Afrique du Sud), celles qui ont mal préparé le tournoi, s'y prenant au dernier moment (Nigeria, Côte d'Ivoire) ou se perdant dans des querelles internes (Cameroun), et l'exception ghanéenne. Symbole de cette impréparation, les "Eléphants", éliminés vendredi, ont recruté leur sélectionneur le 28 mars! Deux mois avant le coup d'envoi du Mondial! "On doit accélérer un peu plus notre travail de transformation des bons joueurs en coaches, estime Kalusha Bwalya, ex-vedette de la Zambie, aujourd'hui président de sa Fédération, sinon on aura ce qui s'est passé avec la Côte d'Ivoire, un coach (Sven Goran Eriksson) qui arrive au dernier moment et qui ne connaît par la culture du pays." Le Nigeria a fait à peine mieux, confiant ses +Super Eagles+ à un autre Suédois, Lars Lägerback, le 28 février, après avoir licencié Shaibu Amodu, qui avait pourtant qualifié l'équipe - et terminé troisième de la Coupe d'Afrique des nations. "Les coaches locaux ne sont bons que pour la CAN, ironise Jomo Sono, légende du football sud-africain. Ca n'a aucun sens de changer d'entraîneur juste avant la Coupe du monde, celui qui s'est qualifié mérite de la disputer". "Trop de pression" "Il y avait trop de pression parce qu'on était en Afrique", estime Kalusha Bwalya. L'espoir déraisonnable de voir une sélection africaine gagner la Coupe du monde donne encore plus des allures de fiasco à leur parcours, Ghana mis à part. Les louanges d'avant tournoi ont placé le public dans une attente que les sélections ne pouvaient pas satisfaire. Elles sont jugées à l'aune de leurs leaders, qui jouent au niveau mondial, mais on oublie que leurs partenaires ne sont pas de la même trempe. Dans les grandes équipes comme le Brésil ou l'Angleterre, "il y a quinze stars qui se partagent la pression", explique Patrick Vieira, ancien capitaine de l'équipe de France né au Sénégal. En Afrique, "tout repose sur Eto'o ou Drogba, poursuit "Pat". Les coéquipiers, le peuple, les journalistes attendent qu'ils gagnent le match à eux tous seuls". L'Afrique du Sud n'avait qu'une star, Steven Pienaar, qui n'est pas du niveau d'Eto'o ni Drogba, et est en outre arrivée fatiguée par une longue saison à Everton. Les équipes africaines ont quelque fois elles-mêmes nourri ces fantasmes, à l'image des "Lions Indomptables", minés par les querelles internes, qui annonçaient vouloir gagner la Coupe du monde et qui ont été les premiers éliminés... ------------------------- Côte d'Ivoire : Drogba - "Globalement, nous ne pouvons pas être déçus" Le capitaine de la Côte d'Ivoire Didier Drogba a estimé vendredi que lui et ses coéquipiers, éliminés du Mondial-2010, ne pouvaient "globalement pas être déçus", battus dans le groupe G par de "meilleurs" adversaires, le Brésil et le Portugal. "Nous avons une bonne équipe et de bons joueurs mais eux sont meilleurs que nous", a dit l'attaquant des Eléphants, vainqueurs 3-0 de la Corée du Nord lors de leur troisième et dernier match dans le tournoi sud-africain, après un nul 0-0 contre le Portugal et une défaite 3-1 face au Brésil. "Jouer contre le Brésil et le Portugal est comme un rêve pour un pays comme le nôtre, a-t-il ajouté. Nous avons eu de la chance de jouer contre ces nations". "Nous pouvons peut-être être déçus de ne pas nous qualifier pour les 8e de finale, mais globalement, nous ne pouvons pas être déçus, a-t-il poursuivi. Notre Mondial est terminé mais nous pouvons être fiers de ce que nous avons fait contre le Brésil et le Portugal". "C'a été difficile pour nous de continuer, mais au moins le classement de la Fifa a été respecté" contre la Corée du Nord, a encore dit Drogba. "Si on avait été dans un meilleur groupe, on aurait pu passer, a-t-il soutenu. On n'a pas de chance de tomber dans des groupes difficiles en Mondial, mais disputer deux Coupes du monde de suite est fantastique". En 2006, la Côte d'Ivoire avait également été éliminée dès le premier tour après être déjà tombée dans le "groupe de la mort" comprenant l'Argentine, les Pays-Bas et la Serbie-Monténégro. ------------------------- Italie : quelle équipe pour le futur ? L'élimination de l'Italie au 1er tour du Mondial-2010, conjuguée à la retraite annoncée de certains des cadres vainqueurs de la Coupe du monde 2006, va conduire à des bouleversements dans l'effectif des désormais ex-champions du monde. ILS S'EN VONT Fabio Cannavaro, l'emblématique capitaine et détenteur du record des sélections (136 depuis 1997), qui fêtera ses 37 ans en septembre, avait annoncé son départ depuis longtemps. Il est imité par Gennaro Gattuso - "place aux jeunes", a dit le milieu au début du Mondial -, un autre des symboles de l'équipe de Marcello Lippi. ILS POURRAIENT S'EN ALLER Parmi les autres trentenaires sacrés en 2006, deux pourraient être tentés de prendre leur retraite internationale: le défenseur Gianluca Zambrotta et le milieu Mauro Camoranesi. D'ailleurs, il se peut que Cesare Prandelli, le prochain sélectionneur, ne compte pas sur eux. ILS VONT RESTER Le gardien Gianluigi Buffon, 32 ans, et le meneur Andrea Pirlo, 31 ans, ont été les deux grands blessés du Mondial sud-africain. Et ils ont cruellement manqué aux Azzurri. L'un et l'autre n'ont pas l'intention d'arrêter et ils devraient repartir, Buffon pouvant même se voir confier le capitanat. Autres cadres appelés à demeurer: le milieu Daniele De Rossi et le défenseur Giorgio Chiellini, "l'héritier de Cannavaro". Malgré un Mondial transparent, l'attaquant Alberto Gilardino devrait aussi rester, Prandelli l'ayant toujours tenu en haute estime après l'avoir entraîné à Parma et à la Fiorentina. Parmi les plus jeunes, quelques uns n'ont pas démérité en Afrique du Sud malgré l'échec: le milieu Riccardo Montolivo, le seul à s'illustrer contre la Nouvelle-Zélande, ainsi que l'attaquant Fabio Quagliarella, qui a plus fait en une seule mi-temps contre la Slovaquie que tous les autres attaquants réunis en trois matches. ILS DEVRAIENT ARRIVER Grand absent, le fantasque attaquant Antonio Cassano pourrait avoir une énième chance en sélection avec Prandelli. Mais ce sont surtout les débuts de Mario Balotelli, 19 ans, qui sont très attendus. Le jeune buteur de l'Inter Milan, d'origine ghanéenne, est pour le moment le seul joueur de sa génération à émerger, en compagnie de son partenaire de club, le latéral Davide Santon, qui aurait pu être au Mondial s'il n'avait pas été longtemps blessé au cours de la saison.
