Après la projection en avant-première de son nouveau film « Les Palmiers blessés », Abdellatif Ben Ammar tint avant-hier (mardi 6 juin) une conférence de presse pour sonder les avis des journalistes sur son œuvre. Dans ses réponses, il souligna d'abord que la programmation de ce long-métrage à l'ouverture du Festival de Carthage est une excellente opportunité pour le projeter devant un public nombreux. « Je ne garantis pas, précise-t-il, qu'il soit vu d'autant de monde aux prochaines JCC. Mes films sont destinés prioritairement au public tunisien le plus large. Je ne vois donc pas pourquoi je manquerai un rendez-vous aussi populaire que le Festival de Carthage, manifestation culturelle et artistique qui ne doit pas exclure le cinéma des spectacles qu'elle programme. » Concernant le sujet de son film, le réalisateur de « Aziza » et de « Sejnane » estime qu'il réconcilie le Tunisien avec son passé et propose un remède contre l'amnésie historique et une lecture moins édulcorée du mouvement national. « Ce n'est pas un anachronisme que de tourner en 2010 un film sur la lutte pour l'indépendance. Les jeunes générations ont le droit de redécouvrir leurs héros nationaux et un certain sens du sacrifice patriotique qu'elles sont peut-être en train de perdre aujourd'hui. Une des missions de mon cinéma est justement de contribuer à ces « retrouvailles ». Qu'on en finisse avec le nombrilisme de certains films tunisiens dont les auteurs n'ont que trop subi l'influence de leurs maîtres occidentaux. Revenons, nous autres cinéastes, aux sujets qui touchent réellement le Tunisien et abordent ses problèmes fondamentaux. » La mémoire honorée Répondant à une question sur le choix d'une actrice inconnue pour jouer le rôle principal dans Les Palmiers blessés, Abdellatif Ben Ammar mit en avant l'argument de l'authenticité et de la vraisemblance dans le jeu de la comédienne, à qui était dévolu le rôle d'une fille de martyr : « Je recherchais celle qui pouvait rendre avec le plus de vérité et le plus de sensibilité la noblesse du personnage. J'ai fait voir le film à une fille de martyr authentique, en l'occurrence la fille de Farhat Hached : le jeu de Layla Ouaz l'a fortement émue et convaincue. Je suis fier d'avoir découvert cette comédienne prometteuse et de lui avoir offert sa chance pour montrer son immense talent». A propos des décors bizertins reconstruits pour les besoins du tournage, Ben Ammar explique que certains beaux sites de la ville ayant disparu, il fallait les restituer facticement : « Je dois avouer, ajoute-t-il, qu'à Bizerte, le paysage urbain actuel n'est pas toujours à mon goût ! J'ai donc conçu dans le film des décors qui me font retrouver des sensations d'autrefois ! C'est un luxe qu'on peut se permettre lorsqu'on a un professionnel du décor aussi doué que Taoufiq El Béhi ! »