Cent et un interprètes sur la scène, (neuf solistes, quarante cinq choristes, seize instrumentistes, trente et un danseurs et danseuses…), pour renouveler le chant soufi, l'invocation des saints et les louanges…tels sont les différents jeunes acteurs du spectacle « Hadhra 2010 », dont Fadhel Jaziri a signé la conception et la mise en scène pour le présenter le jeudi 15 juillet, dans le cadre du festival international de Carthage. Lors d'une conférence de presse tenue hier dans l'un des hôtels de la capitale, l'auteur de « Hadhra 2010 » a essayé d'expliquer aux nombreux journalistes présents, qu'il s'agit d'une nouvelle vision du spectacle par rapport à l'ancienne version de 1991, telle que conçue et réalisée à l'époque par le duo, Jaziri-Agrebi. La nouveauté se traduit par conséquent, dans l'effort au niveau de l'habit, de l'écriture scénique et musicale ainsi que du chant et de l'image. « Hadhra 2010 » dont les répétitions ont débuté au début du mois d'avril dernier, tiendra en haleine, deux heures durant, un public assoiffé de chants soufis tels qu'ils ont été répercutés et transmis par la tradition confrérique dans les diverses zawiyas de Tunis et que Jaziri a su recomposer et retranscrire dans le langage de notre époque afin d'en faire une œuvre vivante du présent. Trois actes, une ouverture et une clôture, vingt cinq chants : solos duos, trios et chœurs ; neuf tableaux dansants, des saynètes et quelques personnages emblématiques pour donner de la voix aux danseurs et s'aventurer encore plus loin dans la mise en image du chant spirituel. L'auteur et metteur en scène, Fadhel Jaziri participe à la fondation du Théâtre du Sud de Gafsa et à la création de plusieurs spectacles. Co-fondateur du Nouveau Théâtre en 1976 avec ses compagnons Fadhel Jaïbi, Mohamed Driss et Hbib Masrouki, il contribue à créer une série de spectacles marquants tels que "L'instruction", "Ghassalet Nouader", "Lêm", "Arab" et "la répétition". Le groupe aborde la production cinématographique avec des films comme "La Noce" et "Arab" ... A partir de 1991, il crée plusieurs spectacles musicaux populaires, profanes et sacrés. Il présente successivement "Nouba", à partir de la tradition populaire , " Hadhra", spectacle de chants sacrés, "Nujum", fresque musicale renouvelant l'interprétation du répertoire musical arabe, etc. Dans ces spectacles, l'auteur intègre une nouvelle esthétique et un langage gestuel et corporel longtemps refoulé et sous-estimé qui ne manquent pas d'influencer le paysage culturel tunisien. En 2008, il entreprend une nouvelle expérience cinématographique avec "Thalathun", long métrage qui narre le rôle de nombre d'intellectuels tunisiens dans l'éveil de la conscience nationale durant les années trente.