Les relations économiques commerciales tuniso-canadiennes ne sont pas au beau fixe. Malgré le potentiel existant, les échanges commerciaux entre les deux pays demeurent infimes. La part des échanges tunisiens avec le Canada ne dépasse guère les 0,4% du total des échanges de la Tunisie avec l'extérieur. Dire que l'importance de la dimension humaine qui caractérise le partenariat entre les deux pays, ne reflète pas le niveau dérisoire des échanges, le faible volume des investissements canadiens hors hydrocarbure en Tunisie ainsi que la faiblesse des flux touristiques entre les deux pays. Comment dépasser les obstacles qui empiètent sur l'élan d'un partenariat économique fructueux ?. Quelles sont les niches de prédilection à développer ?…Telles sont les principales questions débattues avant-hier lors d'un déjeuner -débat organisé par la Chambre de Commerce tuniso-canadienne. Faute de capacité de production, de stratégies, de culture commerciale, d'accord de libre-échange ou autres, le rythme des échanges commerciaux tuniso-canadiens demeure en deçà des espérances. C'est ce qu'ont affirmé à l'unanimité les participants au déjeuner-débat. En effet, la coopération commerciale devrait suivre la réussite de la coopération humaine entre les deux pays, notamment en matière de formation académique. « Aujourd'hui, nous devons ensemble franchir un nouveau palier dans la coopération bilatérale…Du fait, nous allons mettre au point un programme nous permettant d'aller de l'avant », affirme M.Moncef Zouari, président de la Chambre L'Ambassadeur du Canada à Tunis, M. Ariel Delouya a mis l'accent sur l'ancienneté de l'accord de partenariat reliant les deux pays. La Tunisie a été parmi les premiers pays africains à avoir signé un accord de partenariat avec le Canada. « Un accord de partenariat sur l'aérien a été signé au mois de février dernier entre les deux pays », a fait rappeler l'Ambassadeur du Canada en Tunisie. Un tel accord a permis de résoudre le problème de l'irrégularité des vols tout en offrant davantage de souplesse aux compagnies aériennes canadiennes et tunisiennes. Faiblesse des investissements canadiens (hors hydrocarbures) Pour ce qui est des flux commerciaux, les exportations canadiennes en Tunisie sont passées de 88 millions de dollars en 2008 à 114 millions de dollars en 2009. En ce qui concerne les exportations tunisiennes vers le Canada elles sont passées de 42 millions de dollars à 46 millions de dollars au cours de la même période de référence (2008-2009). « Le taux de couverture des importations par les exportations n'a pas dépassé au cours des cinq premiers mois de l'année 2010 les 21% pour un volume d'échange côtoyant les 64 millions de dinars» a fait savoir M.Chokri Mamoghli, Secrétaire d'Etat auprès du ministre du Commerce et de l'Artisanat, en insistant sur la part dérisoire des échanges de la Tunisie avec le Canada. Une part qui ne dépasse pas les 0,4% du total des échanges tunisiens avec l'extérieur. Les chiffres avancés par M. Ariel Delouya et M.Chokri Mamoghli dénotent la faiblesse des échanges commerciaux entre les deux pays. Même pour les investissements, les choses ne vont pas pour le mieux. Le Canada est le 10ème investisseur étranger en Tunisie (hors hydrocarbures). « Le volume des investissements des entreprises (hors hydrocarbures) ne dépasse pas les 2,8 millions de dinars et génère entre 500 et 600 postes d'emploi », affirme M.Chokri Mamoghli, Secrétaire d'Etat auprès du ministre du Commerce et de l'Artisanat. Il faut dire que plus de 70% des échanges de la Tunisie avec l'extérieur se font avec les pays de l'Union Européenne. La culture francophone des Tunisiens, la proximité culturelle et territoriale avec l'Europe et la sécularité du partenariat tuniso-européen font que les pays d'Amérique du Nord ou du Sud sont des destinations peu prisées par les exportateurs tunisiens. Toutefois, la globalisation des marchés, la saturation du marché de l'Union et la concurrence farouche livrée par les pays de l'Europe de l'Est sur les pays du Sud de la Mare Nostrum, incitent de plus en plus la Tunisie à diversifier ses marchés cibles. Idem pour le Canada. Puisque la crise a fait vaciller ses marchés partenaires, dont la recherche de nouveaux débouchés. Néanmoins et jusqu'à présent les produits tunisiens sont peu compétitifs sur le Canada et restent concurrencés par les produits américains et ceux des pays limitrophes. Donc, beaucoup d'efforts restent à faire par les deux pays en vue d'impulser le niveau des flux commerciaux. Il y a un potentiel qui reste sous-exploité par les deux parties. Du fait, M.Chokri Mamoghli, Secrétaire d'Etat auprès du ministre du Commerce et de l'Artisanat n'exclut pas la possibilité d'un accord de libre-échange à l'horizon. « Nous devons améliorer le cadre légal de la coopération bilatérale et étudier les possibilités d'un accord préférentiel entre les deux pays ». La révision du cadre légal qui caractérise les relations commerciales entre les deux parties ouvrira les portes à une coopération plus dense et favorisera l'élargissement de la liste des produits et des services échangés pour toucher au bois canadien et aux produits tunisiens compétitifs et ceux à forte valeur ajoutée. Une stratégie de communication plus pointue et une meilleure coopération entre les représentations commerciales des deux pays sont dès lors inévitables.
