Le Temps-Agences - Le secrétaire général de la Ligue arabe, Amr Moussa, a achevé sa médiation au Liban sans parvenir à arracher un accord entre la majorité antisyrienne et l'opposition réclamant dans la rue la tenue d'élections anticipées à défaut d'un pouvoir de blocage au sein du gouvernement. Moussa a expliqué que ses efforts de médiation étaient compliqués par l'absence totale de contacts entre les deux camps, qu'il a exhortés à communiquer pour trouver une sortie de crise et éviter une escalade. Le Premier ministre Fouad Siniora, soutenu par l'Arabie saoudite et les chancelleries occidentales, refuse de céder aux exigences de l'opposition, regroupant les mouvements chiites Hezbollah et Amal et certains dirigeants chrétiens. Celle-ci dénie toute légitimité au gouvernement depuis la démission début novembre des cinq ministres chiites et d'un autre chrétien. La majorité antisyrienne, composée essentiellement de sunnites, de druzes et de chrétiens, accuse la minorité de vouloir empêcher par ses manœuvres la création d'un tribunal spécial, agréé par l'Onu, pour juger les auteurs présumés de l'assassinat de l'ancien Premier ministre Rafic Hariri en février 2005. "Nous avons mené un effort de rapprochement (...) et il revient aux différentes parties de l'accepter ou non", a déclaré Moussa aux journalistes avant de repartir vers Le Caire, où se trouve le siège de la Ligue arabe. "Nous espérons que ces suggestions, ces formules et ce calendrier permettront de trouver une issue dans la crise mais (...) la communication entre les différents leaders est limitée, voire inexistante", a-t-il ajouté. De sources politiques, on a déclaré mercredi que le secrétaire général de la Ligue arabe tentait d'élaborer avec les dirigeants des deux camps un projet d'accord portant sur les points susceptibles d'être acceptés par les courants rivaux de la vie politique libanaise. Moussa était arrivé à Beyrouth mardi pour relancer ses efforts de médiation entre les camps anti et pro-syriens, sur fond de tension régionale. L'Arabie saoudite ne cache guère son inquiétude face à la volonté prêtée à l'Iran, alliée en la circonstance à la Syrie, d'étendre son influence dans la région. Malgré son départ du Liban, où l'opposition occupe le centre de Beyrouth depuis le 1er décembre, le secrétaire général de la Ligue arabe a exprimé la volonté de poursuivre ses efforts, qui, a-t-il dit, ont favorisé l'émergence d'une "atmosphère de compréhension". Il a refusé de qualifier d'échec sa tentative de médiation et a placé la balle dans le camp des différentes parties libanaises pour tenter de sortir de la crise. Souleimane Frangié, leader chrétien de la minorité pro-syrienne, a prévenu avant-hier que l'opposition envisageait de transformer sa protestation de rue en mouvement d'insurrection par le blocage des routes après la période des fêtes (Noël, Aïd el Adha et Nouvelle Année). "L'opposition ne se rendra pas (au palais gouvernemental), il y a les routes, l'aéroport et le port", a menacé Frangié. Durant sa semaine de médiation, Moussa s'est rendu en Arabie saoudite, a rencontré à Damas le président syrien Bachar al Assad et s'est également entretenu avec l'émissaire iranien à Beyrouth.