Dans un message transmis depuis sa prison, la militante des droits humains, chercheuse, ainsi que fondatrice et directrice exécutive de l'Association pour la promotion du droit à la différence, Saloua Ghrissa, a tenu à rappeler le rôle central joué par la société civile en Tunisie au cours des dernières années. Elle souligne que les organisations et les militants ont constamment soutenu les efforts de l'Etat, notamment dans la lutte contre les violences faites aux femmes, la formation des cadres publics pour assurer le bon fonctionnement des institutions, ainsi que l'intégration des jeunes dans la vie économique. Ces actions, précise-t-elle, ont également couvert de nombreux autres dossiers touchant directement les citoyennes et citoyens. Malgré ces contributions, déplore-t-elle, « les militants de la société civile se retrouvent aujourd'hui derrière les barreaux, poursuivis sur la base d'accusations fallacieuses, dans le but de freiner leurs activités et de les dissuader de défendre les droits et les libertés ».
Saloua Ghrissa est détenue depuis le 9 décembre 2024, soupçonnée de financement étranger. Ancienne professeure d'enseignement supérieur, aujourd'hui à la retraite, elle est accusée de manquements dans la gestion de son organisation. Ce jour-là, elle a été convoquée à la sous-direction des recherches économiques et financières à El Gorjani pour un interrogatoire. Bien qu'elle ait été libérée temporairement, elle a été rappelée dès le lendemain pour une nouvelle audition, à l'issue de laquelle elle a été placée en garde à vue pendant 48 heures au centre de détention de Bouchoucha. Le 12 décembre, elle a été présentée au procureur de la République près le tribunal de première instance de Bizerte, qui a ordonné l'ouverture d'une information judiciaire confiée à un juge d'instruction. À la fin de l'interrogatoire, un mandat de dépôt a été émis et elle a été transférée à la prison civile de la Manouba.