C'est en reprenant la lecture par hasard du livre d'Hannah Arendt «qu'est-ce que la politique» (éditions du Seuil 1995) que la nouvelle est tombée de l'acceptation par le comité de suivi de la ligue arabe du dialogue et des négociations directes entre Israël et l'autorité palestinienne pour la paix. Cette philosophe germano-américaine née à Hanovre en Allemagne en 1906 et décédée à New York, était de confession juive et éleve des deux grands penseurs : Karl Jaspers et Heidegger. Après avoir fui le nazisme en 1934, elle s'établit aux Etats-Unis d'Amérique où elle intègre plusieurs universités prestigieuses américaines dont Berkeley en Californie et Harvard. C'est là qu'elle écrit ses maîtres ouvrages : « Les origines du totalitarisme » (1951), « La condition de l'Homme moderne » (1958) et « qu'est-ce que la politique » (1993 – traduit en français en 1995). Le hasard fait ainsi, bien les choses ! Hannah Arendt, brillante, et lucide, parle de temps en temps de la diaspora juive avec beaucoup de nostalgie et de romantisme dans la mesure où elle symbolise la liberté contre la tyrannie, la solidarité et la résistance contre le totalitarisme. Même si évidemment elle ne regrette pas la création de l'Etat d'Israël. Elle arrive à regretter « l'embrigadement » de la liberté juive par les nécessités et les contraintes de l'Etat… un Etat banalisé qui peut agir contre la liberté elle-même ! Hannah Arendt décédée, malheureusement en 1975, n'a pas pu réfléchir et évaluer, l'évolution d'Israël, d'un Etat refuge aux persécutés du nazisme, à un Etat persécuteur des Palestiniens ! Ce qui est à retenir de cette grande philosophe c'est son amour et son attachement à la liberté contre ce qu'elle appelle les « déserts » de la tyrannie et du despotisme. Elle met en valeur dans ses écrits la nécessité de préserver les « pluralités humaines » qui sont l'essence même de la politique et qui doivent s'exprimer et agir dans l'interdépendance, et la complémentarité même en période de conflits. Il s'agit de ramener la « politique » à ses sources : la préservation de l'espèce humaine et de « l'espace » de circulation des intérêts ; ce qui nous ramène aux origines de la «Polis » (cité) grecque. Certes la conjoncture actuelle est défavorable aux Palestiniens et aux Arabes. L'Etat hébreu est dominant sur tous les plans, militaire, économique et même « culturel » entendez institutionnel et politique. Les Palestiniens sont divisés alors que les israéliens sont unis malgré les « clivages » propres à une démocratie parlementaire de façade. Israël occupe l'essentiel, la terre et Jérusalem ! Il veut « négocier » certainement pour la légitimation de « ses » acquis – mal acquis – par la force, les destructions massives et la peur, mais il ne veut rien lâcher ! C'est notre intime conviction du moins actuelle. Mais malgré tout cela il faut donner une chance à la « politique » contre le « désert » comme le prescrit Hannah Arendt la merveilleuse juive. Les Palestiniens n'ont plus rien à perdre après avoir presque tout perdu ! qu'ils aillent aux négociations « directes » mais qu'ils mettent à témoin le monde et l'opinion internationale que la paix qui apaise est celle de la justice et non des «seigneurs» de l'occupation. Le sacrifice des ultimes droits des Palestiniens serait alors la fin de la paix, et le triomphe du « désert »… ! et notre Hannah serait si triste !