Le Temps-Agences - Nicolas Sarkozy est élu président de la République au second tour de scrutin avec 53% à 53,2% des voix, selon les sondages sortie des urnes, signant l'échec de la socialiste Ségolène Royal qui caressait l'ambition d'être la première femme à accéder à l'Elysée. Le candidat de l'UMP recueille 53% des suffrages face à Ségolène Royal (47%), selon Ipsos et TNS-Sofres, et 53,2% contre 46,8%, selon CSA et Ifop. Première candidature, première victoire : à 52 ans, Nicolas Sarkozy, avocat de formation, descendant de hobereaux hongrois et de juifs de Salonique, couronne l'ambition d'une vie vouée à la politique, une passion précoce, en devenant le sixième président de la Vème République. Dès son investiture par son parti, le 14 janvier, les sondages le donnaient systématiquement vainqueur face à Ségolène Royal. L'ancien ministre de l'Intérieur, dont les parents divorcèrent alors qu'il avait cinq ans, succèdera à Jacques Chirac, dont la destinée l'aura inspiré par-delà des relations tortueuses, dignes de celles d'un père et son fils. Le mandat du chef de l'Etat sortant prendra fin le 16 mai à minuit, ouvrant une nouvelle ère politique en France avec l'avènement de la génération des "baby boomers". Ségolène Royal, 53 ans, qui avait imposé contre toute attente sa candidature aux "éléphants" du Parti socialiste en novembre 2006, n'aura pu faire mentir un scénario électoral écrit de longue date, à l'inverse de l'élection présidentielle de 2002. Handicapée au sortir du premier tour par une arithmétique défavorable - cinq points de retard sur Nicolas Sarkozy et un vivier naturel de voix à peine supérieur à 36% -, la candidate socialiste n'aura pas recueilli les fruits de sa stratégie d'ouverture envers les quelque 6,8 millions d'électeurs de François Bayrou, qui se sont majoritairement reportés sur le candidat de l'UMP. L'ex-candidat centriste n'avait pas donné de consigne de vote mais il avait fait savoir qu'il ne voterait pas pour Nicolas Sarkozy. Les quelque 3,8 millions d'électeurs du dirigeant d'extrême droite Jean-Marie Le Pen, qui avait prôné l'abstention, semblent avoir aussi opté pour le candidat de l'UMP. Le taux de participation au second tour oscille entre 84% et 86%, selon les instituts de sondage. Il s'était établi à 83,77% au premier tour, le 22 avril. Nicolas Sarkozy avait fait savoir dans l'entre-deux tours qu'il prendrait ses fonctions le 17 mai après s'être accordé une parenthèse "pour digérer la campagne" et "se retrouver face à lui-même" pour "habiter la fonction présidentielle". Il avait précisé que son gouvernement ne dépasserait pas quinze ministres, François Fillon faisant figure de favori pour Matignon, et que la nomination de secrétaires d'Etat n'interviendrait qu'après les élections législatives des 10 et 17 juin. Lors du débat télévisé avec Ségolène Royal, le 2 mai, Nicolas Sarkozy s'était engagé à "agir passionnément" au service de la France, "qui m'a tout donné". "Il est venu temps pour moi à 52 ans de tout lui rendre", avait-il dit. "Si les Français me font confiance, je ne les décevrai pas, je ne les trahirai pas, je ne leur mentirai pas", avait-il souligné. Au nombre de ses priorités, Nicolas Sarkozy a fixé à juin le lancement d'une grande concertation avec les partenaires sociaux pour "une nouvelle politique de l'emploi, de revalorisation du travail". Il prévoyait pour juillet un projet de loi sur le service minimum dans les services publics, notamment les transports, ainsi qu'une réforme des universités. Il souhaite, dès l'été, "provoquer un choc positif" en faveur des salaires et du pouvoir d'achat en exonérant les heures supplémentaires des charges sociales et d'impôt sur le revenu. Un projet de loi, également présenté durant la période estivale, instaurerait des peines planchers pour les multirécidivistes et réformerait l'ordonnance de 1945 sur les mineurs délinquants. Sur le plan international, Nicolas Sarkozy entendait débloquer la crise européenne en proposant au Parlement européen un traité constitutionnel simplifié.
Sarkozy promet d'être "le président de tous les Français" Le Temps-Agences - Nicolas Sarkozy a promis d'être "le président de tous les Français" et lancé son premier message de chef de l'Etat élu aux partenaires européens de la France et aux Etats-Unis. "Il n'y a pour moi qu'une seule France. Je serai le président de tous les Français", a déclaré le président de l'UMP moins de trois quarts d'heure après l'annonce des premières estimations qui le donnent largement vainqueur du second tour de l'élection présidentielle. "Ce n'est pas la victoire d'une France contre une autre", a ajouté l'ancien ministre de l'Intérieur, qui a invité "tous les Français à s'unir" à lui. Il a également lancé un appel pressant aux partenaires européens de la France : "Je conjure nos partenaires européens d'entendre la voix des peuples qui veulent être protégés. Je conjure nos partenaires européens de ne pas rester sourds à la colère des peuples qui perçoivent l'Union européenne non comme une protection mais comme le cheval de Troie de toutes les menaces que portent en elles les transformations du monde." Nicolas Sarkozy a également assuré les Etats-Unis qu'il pouvaient compter sur l'amitié de la France. Les Etats-Unis ont "le devoir de ne pas faire obstacle à la lutte contre le réchauffement climatique mais au contraire de prendra la tête de ce combat parce que ce qui est en jeu est le sort de l'humanité toute entière", a-t-il cependant ajouté. "La France fera de ce combat son premier combat."
Les "Bayrouistes" à 40-40 pour Sarkozy et Royal, dit TNS Sofres Le Temps-Agences - Les électeurs de François Bayrou ont voté à 40% pour Nicolas Sarkozy et à 40% pour Ségolène Royal et 20% se sont abstenus ou ont voté blanc ou nul, selon un sondage TNS-Sofres/Unilog effectué pour TF1 et Le Figaro. Les électeurs de Jean-Marie Le Pen ont quant à eux voté aux deux tiers (66%) pour le nouveau président de la République, à 15% pour la candidate socialiste, 19% d'entre eux s'abstenant ou votant blanc ou nul. L'enquête a été réalisée hier par téléphone auprès d'un échantillon national de 1.200 personnes représentatif de la population française en âge de voter.
"Ségo à Poitiers, Sarko à l'Elysée", crient les militants UMP Le Temps-Agences - Des milliers de militants de l'UMP et de partisans de Nicolas Sarkozy regroupés dans, et aux abords de la salle Gaveau, dans le VIIIe arrondissement de Paris, ont explosé de joie hier soir à l'annonce de l'élection de leur favori à la présidence de la République. Des centaines de personnes étaient bloquées devant les portes, dans la rue avec des panneaux "Les jeunes avec Sarkozy" des ballons bleus et des drapeaux français. Les militants scandaient "on a gagné", "Sarko président" et "Ségo à Poitiers, Sarkozy à l'Elysée". Des dizaines d'équipes de télévisions étrangères commentaient l'événement en direct. Plus de 1.200 journalistes se sont accrédités. A l'intérieur, les militants étaient massés dans la salle, en contrebas des tribunes réservées aux 'people' et aux personnalités, grands patrons, élus et artistes. Parmi elles, Ernest-Antoine Sellière, ancien patron du Medef aujourd'hui à la tête d'une organisation patronale européenne, venu, dit-il "en simple citoyen". "C'est un nouveau départ pour la France", dit-il aux journalistes. La plupart des "poids lourds" de l'UMP sont restés en début de soirée aux côtés de leur candidat, dans son quartier général de campagne et les journalistes se précipitaient vers les premiers arrivés. Renaud Dutreil, ministre des PME et de l'Artisanat, vante la campagne de Nicolas Sarkozy : "il a dit ce qu'il ferait, il s'est donné les moyens de l'action". Dans ce quartier favorisé de Paris, situé non loin des Champs-Elysées, la foule était chic, jeunes hommes parfois en costume-cravate, jeunes femmes en vêtements de marque, quinquagénaires au teint hâlé. Dès 18h00, les premiers chiffres se sont échangés frénétiquement par SMS et les premiers cris de joie ont retenti. Etaient présents les chanteurs Gilbert Montagnier et Hugues Auffray. Parmi les premiers arrivés dans les tribunes des 'people', ce dernier s'est fait acclamer par la foule qui a chanté son tube "Santiano". Lorsque Ségolène Royal et les élus socialistes passent à l'image, ils sont hués. Un image de Jacques Chirac votant en Corrèze passée aussi sur les écrans géants suscite beaucoup d'applaudissements mais aussi quelques huées. Seul petit malaise de la soirée, lorsque le journaliste qui commentait le défilé des personnalités au quartier général de campagne du candidat UMP demande en direct vers 18h30 : "Avec-vous vu Cecilia Sarkozy ?". Un brouhaha de chuchotements traverse alors la salle.
Ségolène Royal veut poursuivre le combat Le Temps-Agences - Ségolène Royal, battue par Nicolas Sarkozy au second tour de l'élection présidentielle, s'est engagée à poursuivre son combat et à engager la rénovation de la gauche au-delà de ses frontières. "Quelque chose s'est levé qui ne s'arrêtera pas", a déclaré l'ex-candidate socialiste lors d'une brève intervention radiotélévisée peu après 20h00 HT depuis La Maison de l'Amérique latine, à Paris. "J'ai donné toutes mes forces et je continue avec vous et près de vous", a-t-elle souligné sous les applaudissements de ses partisans. "Ce que nous avons commencé ensemble nous allons le continuer ensemble. (...) Vous pouvez compter sur moi pour approfondir la rénovation de la gauche", a-t-elle assuré. "Je remercie les 17 millions d'électeurs, de citoyens et de citoyennes qui m'ont accordé leur confiance. Je mesure leur peine", a-t-elle dit.
Les Français de l'étranger votent de nouveau en masse Le Temps-Agences - Les Français de l'étranger votaient en masse dimanche pour le second tour de la présidentielle, l'attente étant souvent d'une heure malgré un dispositif renforcé après l'affluence du premier tour. A Madrid, la file s'étendait sur 50 m dès l'ouverture et le personnel consulaire comptait réduire l'attente grâce à deux nouveaux bureaux. Sept bureaux supplémentaires ont été ouverts en Espagne après la forte affluence au 1er tour le 22 avril. Diego Diaz, 34 ans, un Franco-espagnol, votait pour la candidate de gauche Ségolène Royal et se demandait "comment réagiront les banlieues" en cas de victoire du candidat de droite Nicolas Sarkozy. Louis Didier, 56 ans, était lui convaincu que "les problèmes actuels de la France seront mieux gérés par M. Sarkozy", même s'il trouvait "très positif qu'une femme soit arrivée là". A Londres, plus d'un millier de personnes s'étaient présentées avant l'ouverture des 15 bureaux au lycée Charles de Gaulle, une affluence plus importante qu'au premier tour. L'attente y était d'une heure et demie. La participation était également forte à Rome, avec une heure d'attente. Une centaine de personnes attendaient dès l'ouverture devant l'ambassade, où 11.000 personnes étaient inscrites. Les expatriés en Suisse, principale communauté française à l'étranger, votaient en revanche en rangs clairsemés dans les 59 bureaux de la Confédération. A Genève (63.592 inscrits), le flux était "mieux réparti", selon l'ambassade. A Bruxelles, l'affluence dans les 22 bureaux de vote regroupés au Parc des expositions du Heysel, semblait également moindre qu'au 1er tour. 85% des Français votant en Belgique le font dans la capitale. Comme au premier tour, il fallait par contre compter une heure d'attente à Beyrouth, où les mesures de sécurité étaient très importantes. La circulation était interdite le long du complexe français et les électeurs étaient scannés. Sarkozy est un "héritier du gaullisme et de Jacques Chirac, un grand ami du Liban", affirmait Chadi, employé de banque, tandis que Chirine Bosquin, écologiste, prédisait: "Ségolène Royal écrasera Nicolas Sarkozy en dépit des sondages d'opinion". Halim votait pour sa part blanc après avoir choisi le centriste François Bayrou au 1er tour, car selon lui, "une femme nerveuse à l'Elysée n'est pas une bonne chose" mais Sarkozy est néanmoins "trop droitier". Le Liban compte 17.500 Français, dont 90% ont la double nationalité. 12.384 étaient inscrits. A Dakar, la file était de 100 m dès l'ouverture. Ségolène Royal, née dans la capitale sénégalaise, avait remporté au premier tour plus de 40% des suffrages devant Nicolas Sarkozy (33%). "On n'est pas du tout démobilisés", disait Jean-Michel Jusseaume, militaire, déplorant toutefois que les candidats ne soient pas davantage "tournés vers le continent africain". Au Maroc, près de 40% des 4.000 français inscrits à Rabat avaient déjà voté à la mi-journée, dans une atmosphère bon enfant. A Lagos, la participation pourrait dépasser celle du premier tour, selon le consulat. Sur 403 inscrits, une centaine de Français avaient voté à la mi-journée. A Tokyo, il fallait attendre trois quarts d'heure sous la pluie pour voter dans le quartier de Hiroo. Il y a 4.319 électeurs inscrits sur une communauté française de 7.000 personnes. Les Français avaient commencé à voter samedi sur le continent américain. La France avait ouvert 547 bureaux de vote à l'étranger pour le premier tour, contre 206 en 2002. Elle a installé dimanche 33 bureaux supplémentaires. Plus de 331.000 Français de l'étranger ont voté le 22 avril contre quelque 143.000 en 2002. Le nombre des inscrits a plus que doublé: plus de 820.000 contre 385.000 en 2002. La Suisse arrive en tête (76.000), suivie par les Etats-Unis (74.000), l'Allemagne (56.000), le Royaume-Uni (53.000), l'Espagne (51.000), la Belgique (48.000) et le Canada (46.000).