Principal allié de l'Occident dans la lutte antiterroriste en Asie, le Pakistan est aujourd'hui en accusation. Les fuites sur Internet de documents secrets américains révèlent qu'Islamabad mène « un double jeu », selon l'expression du nouveau Premier ministre britannique David Cameron pour ce dernier qui se trouvait en visite en Inde, le Pakistan doit cesser d'exporter la terreur chez ses voisins (l'Inde, l'Afghanistan) ou ailleurs. Cette déclaration tonitruante de David Cameron est l'expression du ras-le-bol des alliés face au « laxisme » pakistanais à l'égard des talibans afghans et des réseaux salafistes locaux, alliés naturels de leurs homologues de l'autre côté des frontières du côté afghan comme du côté indien. Les Américains qui ont besoin du soutien pakistanais et des bases militaires de ce pays ont toujours attiré l'attention des autorités d'Islamabad sur la question. Washington semble être en possession de preuves incontestables de la « duplicité » des services secrets pakistanais. Ces derniers – et ce n'est un secret pour personne – sont en rapport avec les talibans depuis leur émergence sur la scène. Il faut reconnaître que les vrais pouvoirs sont entre les mains des militaires et des services secrets, aidés en cela par la situation explosive dans la région. A vrai dire, c'est le Général Dhia Oulhaq qui avait écarté puis exécuté Ali Bhutto l'ancien premier ministre pakistanais qui était à l'origine de cette grande dimension prise par les forces de sécurité chargés du dossier Afghan depuis l'occupation soviétique. L'insurrection afghane contre cette présence est une création, américano-pakistanaise. D'autres pays ont pris une part active au financement des groupes d'insurgés parmi lesquels des extrémistes formés dans les Médressas de Queta, Lahore et autres villes pakistanaises. Ces talibans enfantés par les soins d'Islamabad représentent depuis des années la terreur qui hante les habitants des montagnes allant de l'Afghanistan au Pakistan. Ils contrôlent des districts entiers où ils font la loi à la barbe d'un pouvoir non seulement impuissant mais qui a du mal à rallier à sa politique ceux qui sont censé faire respecter la loi du pays et combattre cette mouvance qui prend de l'ampleur au fil des années, profitant de l'état d'insécurité qui règne dans toute la région. Une situation qui complique la mission des forces de l'Alliance atlantique présentes sur le terrain et les expose à un danger de plus en plus grandissant. Le tribut payé par ces mêmes forces est très lourd, au point que certains pays, songent déjà au retrait de leurs contingents. La Grande-Bretagne ne s'en cache d'ailleurs pas, même avant l'arrivée au pouvoir de l'alliance tory-libdem. Les accusations de David Cameron sont à inscrire dans cet ordre d'idées. Mais il n'est pas le seul à manifester de la mauvaise humeur à l'égard d'Islamabad dans la mesure où les Américains eux-mêmes exhortent les autorités pakistanaises à mettre fin à cette ambiguïté qui consiste à participer à la lutte anti-terroriste et en même temps entretenir des rapports suivis avec les mouvements islamistes radicaux. Ce changement de ton entre occidentaux et pakistanais est révélateur des tensions qui ont toujours empreints leurs rapports depuis qu'Islamabad s'est retrouvé impliqué directement et sans le vouloir dans la guerre déclenchée par George Bush en 2001. Et c'est Obama qui en paie aujourd'hui les frais.