Pourquoi fêter la femme chaque année ? Pourquoi une Fête Nationale de la Femme ? Il ne s'agit guère d'un rituel symbolique. On ne fête pas, en effet, le symbole de l'émancipation de la femme ; on ne célèbre pas uniquement les vertus de l'émancipation en elle-même. Car cette fête a aussi une dimension prospective. Cognitive. C'est pour assurer le relais entre les générations quant à ce combat de toujours : un combat social toujours d'avant-garde. Un combat de tous les jours pour préserver les acquis de la femme tunisienne, cas unique dans le monde arabo-musulman. Aujourd'hui, l'humanité a l'air de perdre ses repères. Le dépérissement des idéologies, les nouvelles pesanteurs géostratégiques et le conflit, devenu acerbe, des civilisations préparent quelque chose qui ressemble à un choc des religions. Autant à un monde nouveau annoncé par la mondialisation, nous voyons se déployer un obscurantisme religieux qui n'a pas de visage, qui se travestit en nationalisme, recrutant dans le désespoir des jeunes et sommant la femme de retourner vivre au milieu de ses vieux démons oppresseurs. Et c'est justement pour prémunir la femme contre les risques exogènes (et même endogènes) qui la guettent, que la Tunisie considère que ce combat pour l'émancipation ne doit pas s'en tenir aux acquis réalisés. C'est encore et toujours, en effet, un combat d'avant-garde. Car s'il est vrai que nous n'en sommes plus en Tunisie aux professions de foi, et que nos femmes – et surtout celles des nouvelles générations – sont nées dans l'émancipation et dans la plénitude des droits constitutionnels et des droits civiques, il est tout aussi impérieux de pousser la femme tunisienne encore plus vers l'avant, dans le pouvoir de décision, dans une réelle logique participative avec l'homme. Dès lors qu'une « plateforme cognitive », justement, est assurée, la balle est désormais dans le camp des femmes : elles ont tout pour s'épanouir davantage. Et, désormais, la préservation de leurs acquis (les femmes) dépend en grande partie d'elles en premier… Encore faut-il que dans la ferveur de l'épanouissement, elles n'oublient pas une composante sociale fondamentale : le socle fondateur de la société tunisienne, c'est la famille. Et le garant de l'équilibre familial, reste la femme…