Il y a du pathétique et une part de tragique dans le destin des femmes depuis la nuit des temps. C'est l'histoire d'une oppression. L'histoire de l'esclavagisme qui sait toujours se mettre au goût du jour. L'histoire d'une pomme maléfique qui ne cesse de la diaboliser même si le Paradis « coule » sous les pieds des mères. Cruel destin au demeurant que celui de la femme, horloge biologique sans laquelle il n'y aurait plus d'hommes sur terre. Muse asservie aux caprices machistes. La fantasmagorie, dont s'est nourrie l'histoire humaine. On dit - par relents misogynes, sans doute - que ce sont les hommes (les mâles) qui ont mené les plus grands combats pour la femme. En soi, sociologiquement parlant, le terme : « femme » est réducteur. Plutôt que de dire « la femme » ( avec un soupir de résignation), utiliser le terme « les femmes » ennoblirait leur long combat contre la discrimination. Car, aujourd'hui, près des 2/3 des femmes dans le monde vivent dans l'asservissement, l'analphabétisme et la précarité. Des femmes sont encore lapidées. Et qui sait s'il n'y en a pas d'autres qu'on immolerait sur le bûcher. Paradoxalement, tragiquement même, les femmes sont, aujourd'hui, plus exposées qu'auparavant aux dangers d'une époque incertaine. Et c'est, particulièrement, en cette ère où tout devient possible - et même le pire - que l'exception tunisienne doit être consolidée. Les sirènes de l'obscurantisme reprennent leurs chants sinistres, en effet. Les nuées orageuses d'un siècle de conflits de religions cherchent à engloutir les femmes dans leur tourbillon. Combattre le retour en arrière : c'est là la responsabilité historique des femmes tunisiennes. C'est en préservant leurs acquis, qu'elles exporteront leur révolution dans le monde arabe et partout où des femmes sont réduites au silence.