Nécessité d'enrichir le discours religieux du mois de Ramadan, particulièrement par l'exploitation des contributions apportées à toutes les disciplines scientifiques Depuis le démarrage du saint mois de Ramadan, le 11 août, et comme chaque année en pareille circonstance, en Tunisie et dans les autres pays arabes et musulmans, une précieuse opportunité est offerte à la grande masse des fidèles pour suivre sur les écrans de la télévision et les ondes de la Radio les abondantes causeries et émissions à caractère religieux, animées par de grands savants et professeurs nationaux, spécialistes de l'Islam et de la civilisation islamique. Priés de nous livrer leurs impressions à ce propos, des commentateurs, analystes et citoyens instruits ont tenu plus particulièrement à insister sur ‘'la haute responsabilité dévolue à ces savants et professeurs dans l'éducation et l'édification religieuses de la masse des fidèles sur des bases scientifiques solides permettant de montrer et de restituer l'intégralité et la richesse de l'Islam dans le cours de l'histoire.'' ‘'Hélas, l'approche ponctuelle et stéréotypée continue de dominer, soulignent certains d'entre eux, et c'est d'autant plus problématique que les autres, les non musulmans, comme les Occidentaux, règlent leur vision de l'Islam sur la vision que nous, les musulmans, avons de notre religion. Les autres nous voient tels que nous nous voyons.'' Mettre à profit tous les outils Les sujets traités sont les mêmes et présentés sous le même angle de vue. Ils s'articulent toujours presque exclusivement sur les origines, les fondements, les canons et ils sont abordés en termes absolus, alors que l'Islam se confond avec toutes les manifestations et les expressions grandioses et positives de la civilisation islamique. A cet égard, un commentateur relève que les occidentaux ordinaires et la majorité des fidèles musulmans s'étonneront, par exemple, en apprenant que les représentations figurées (iconographie) du monde végétal, animal et humain ont eu toujours leurs places dans les sociétés islamiques depuis les premières époques de l'Islam, et que de nombreux ouvrages de très haut niveau ont été écrits par les auteurs arabes classiques sur la religion préislamique et paganiste des arabes, selon des approches qui rivalisent avec les meilleures études ethnologiques de nos jours. L'un de ces livres est le livre intitulé ‘'Al Asnam'' (les idoles) d'Ibn El Kelbi qui vécut à Bagdad au 10ème siècle de l'ère chrétienne. Beaucoup de nos chercheurs et scientifiques actuels dans beaucoup de pays arabes et musulmans ne trouveraient pas, de nos jours, l'audace d'écrire ce que les auteurs arabes classiques ont écrit à propos de tout, sans exception, et ce au moment où le spirituel et le temporel étaient encore confondus, au niveau des régimes de gouvernement. Les études historiques pertinentes et les résultats avérés des fouilles archéologiques et autres outils similaires sont rarement mis à contribution par nos savants et professeurs religieux pour confirmer ou infirmer telle ou telle thèse ou telle ou telle donnée. Ainsi, des fouilles archéologiques menées en Arabie saoudite ont confirmé l'existence d'une ancienne civilisation arabe dans l'endroit où est apparu le prophète Salah, selon le Coran et les inscriptions trouvées dans l'endroit mentionnent le nom de Salah, et confirment le récit coranique le concernant. Or, le prophète Salah est un prophète arabe et il n'est pas cité dans l'ancien testament, contrairement aux autres prophètes cités dans le Coran et l'ancien testament. Dans une interview accordée à une publication française à vocation pédagogique ‘'TDC'' (textes et documents pour la classe), consacrée à la place de l'Islam dans les programmes d'enseignement en France, et parue dans le numéro d'avril dernier, un grand éducateur français, Dominique Borne, président du Conseil de direction de l'Institut européen en sciences des religions, déclare, avec raison,''qu'évoquer uniquement les fondements d'une religion revient à faire le jeu des fondamentalistes'', et il ajoute que ‘'les enseignants doivent s'emparer des très nombreux outils qui sont à leur disposition ‘' pour placer les sujets religieux dans leur contexte historique. L'accent est mis sur la nécessité d'enrichir le discours religieux du mois de Ramadan, en renouvelant sans cesse son contenu et ses approches à travers l'exploitation des contributions apportées par toutes les disciplines scientifiques.