Le théâtre jeune de Nabeul vient de présenter sa dernière création «Tahra et Chérifa» écrite et mise en scène par Ahmed Bouamoud au festival d'été de Nabeul. La particularité de cette nouvelle pièce est qu'on a eu recours à des amateurs de théâtre mûris, qui n'hésitent pas à se confronter aux difficultés, pour les résoudre ou, le cas échéant les contourner, trouvant toujours une issue pour s'en sortir. C'est un peu de tout cela que l'on découvre avec bonheur dans cette pièce théâtrale : une comédie où l'humour et la satire s'entremêlent. Le rire est l'unique remède contre les maux. "C'est l'histoire de deux sœurs : Tahra et Chrifa. Tahra, la sœur aînée, est une vielle fille endurcie, une bigote qui pousse la pruderie jusqu'à la caricature, une sainte nitouche frustrée et remplie d'aigreur. Elle manifeste constamment un air de pureté et porte sa virginité comme un étendard et un titre de gloire. Elle montre à l'endroit de tout ce qui touche à la sensualité et à la lubricité, une horreur qui frise l'obsession" nous explique le metteur en scène Ahmed Bouamoud. La pièce commence par cette scène où Tahra terrorise sa sœur cadette Chrifa, une fille mère, et Nabil, son bâtard de neveu, lesquels vivent tous les deux sous son autorité tyrannique et inquisitrice et sous son joug implacable. En effet, ce dragon surveille constamment la première, la culpabilise tout le temps, lui rappelle à tout venant son ancienne faute et le péché qu'elle a commis, et, élève le second dans l'isolement le plus strict et l'ignorance la plus totale. Elle les coupe du monde extérieur et leur interdit toute fréquentation pour, pense-t-elle, les prémunir contre toute velléité de péché. Elle pense ainsi protéger son neveu du vice et l'empêcher de reproduire la faute de sa mère. Tous ces enjeux, ces affrontements, cette tension sont exprimés tantôt dans un style dramatique, tantôt dans celui de la fable. Humour, narration et rire sont donc les ingrédients utilisés. Les acteurs entrent dans une phase d'ébullition. Mais, le jeune Nabil finira par se révolter contre ce despotisme et échappe à cet enfermement. Il brise ses chaînes et parvient à s'ouvrir sur le monde extérieur et à accéder à l'amour et à la liberté. A partir de là, la pièce se transforme en un burlesque imbroglio qui mêle et démêle une intrigue bien élaborée avec un jaillissement incessant de péripéties absurdes, enrôlant des personnages hors du commun et cependant si proches de la vie réelle. Abdessalem Majdoub dans le rôle de Chérifa et Zied Zegdane, Imen Marzoug et Rafik Hamrouni qui incarnent respectivement les rôles de Nabil, de la voisine et du policier inventent et racontent des histoires. Ils expriment leurs angoisses, leurs attentes, leur rêve. On a recours à la suggestion, à l'humour, aux gags délicieux et aux mots que le public goûte avec bonheur et complicité. La bande son est conçue par Youssef Bouamoud, Slim Mansour est à la régie. Faouzi Ben Arbia et Ramzi Fares sont à la technique.