Nous avons délaissé le marché central et celui de Sidi El Bahri pour nous intéresser aux rayons fruits et légumes des grandes surfaces. Un poème ! C'est bien connu : dans ces lieux, les prix sont bien plus élevés que dans les marchés. Mais l'avantage, c'est qu'on peut choisir la quantité désirée et les produits, sans l'intervention agressive du marchand. Commençons par quelques aberrations : pourquoi importer des « poires rouges de France » comme l'annonce un écriteau, pour les vendre à 3D250, alors que celles produites en Tunisie coûtent moins cher, pour une qualité équivalente ? Le pire, c'est qu'à ce prix, personne ne semble en vouloir et elles pourrissent gentiment dans leur caisse, ces poires rouges, de honte… Autre anomalie : les raisins sont présentés par grosseur, par couleur, avec des pépins ou sans pépins. Ce qui étonne c'est la différence de prix entre ces grappes, puisqu'on passe de 1D760 à 2D950, puis à 3D100, c'est-à-dire du simple au double, alors même que la différence n'est pas si évidente que ça... Il y a aussi des pommes à 3D900, un prix exorbitant pour la plupart des bourses. Or ces pommes sont produites en Tunisie, donc sans taxes de douanes, ni transport par avion comme certains fruits exotiques. Paradoxalement les bananes, si courues durant toute l'année, semblent connaître un répit, puisqu'elles sont à 1D820 seulement, après avoir atteint des sommets infranchissables. Mais la palme de l'aberration est attribuée à ce grand magasin qui vend des ananas à 8D200 la pièce, soit environ 16D400 le kilo ! Et moi qui croyais que le mois de Ramadan était celui de l'abstinence, de la privation volontaire, de la piété… C'est un outrage aux bourses de proposer des produits comme ça en ce mois, où certains ne trouvent même pas de quoi remplir leur couffin. Décidément certaines grandes surfaces resteront toujours un mystère, une aberration…