Le Temps-Agences - Le procureur chargé de l'enquête internationale sur l'assassinat de l'ancien Premier ministre Rafic Hariri a déclaré hier qu'il n'inculperait personne dans la précipitation, écartant ainsi la perspective de mises en accusation imminentes. «Permettez-moi de dire clairement qu'aucun acte d'inculpation n'a été rédigé pour le moment», déclare Daniel Bellemare dans une interview au site internet libanais NOW. «Je ne procéderai à des inculpations que lorsque j'estimerai avoir réuni suffisamment d'éléments», ajoute-t-il dans cet entretien, l'un des rares qu'il ait accordés depuis qu'il a pris en charge l'enquête. Certains médias avaient rapporté que Daniel Bellemare pourrait inculper dès ce mois-ci certains membres du Hezbollah, organisation chiite pro-syrienne, dans l'enquête sur la mort de Hariri, qui était hostile à la présence syrienne au Liban, et de 22 autres personnes le 14 février 2005 à Beyrouth. Le leader du Hezbollah, Hassan Nasrallah, nie toute implication de son organisation dans la mort de Rafic Hariri et estime que le tribunal mis sur pied par l'Onu pour juger les responsables de l'attentat participe d'un «projet israélien». Il a intensifié ses critiques contre les enquêteurs, ce qui a accru la tension au sein du gouvernement d'union libanais dirigé par le fils de Rafic Hariri, le Premier ministre Saad Hariri, lequel soutient le tribunal. «Nous opérons dans un contexte politique. Mais la décision qui sera prise ne sera pas une décision politique», assure Daniel Bellemare. A la question de savoir si des suspects seront inculpés d'ici la fin de l'année, il se dit «très optimiste», ajoutant que l'enquête avance aussi vite que possible. Quant au document vidéo fourni par le Hezbollah, qui selon Nasrallah montre que des drones israéliens avaient surveillé l'itinéraire suivi par le convoi de Hariri avant l'attentat, Daniel Bellemare assure qu'il ne sera «pas pris à la légère». Le tribunal n'a prononcé aucune inculpation depuis que le Conseil de sécurité des Nations unies l'a mis sur pied en mai 2007. L'an dernier, il a ordonné la remise en liberté de quatre généraux libanais pro-syriens qui avaient été condamnés à des peines de quatre ans prison sans qu'aucune charge n'ait été retenue contre eux.