Cette simulation du tac au tac entre Abbas et Netanyahu n'est qu'un fragment d'un scénario mille fois reconduit qui n'excite ni n'émeut plus personne. « Reconnaissez Israël comme l'Etat-nation du peuple juif », lance Netanyahu à l'adresse de Abbas. « Cessez complètement la colonisation et l'embargo à Gaza », rétorque Abbas. « Souriez, vous êtes flashés ! Il n'y a finalement qu'à Washington et sous tutelle américaine que le bourreau soit affublé d'un visage humain et que le martyr retrouve des couleurs. Entre temps, Madame Clinton s'est mise en retrait. Pas étonnant de sa part si l'on se remémore ses positions résolument anti-palestiniennes du temps où son époux, le Président Clinton déroulait le tapis rouge – à plusieurs reprises – devant Yasser Arafat, lequel, néanmoins, ne sut pas saisir une opportunité historique – et peut-être même, hélas – unique. Et puis, l'éminence grise de Madame Clinton l'apprenti-sorcier, ce Mark Toner porte-parole du Département d'Etat et que l'on paie pour ne jamais rater une occasion de se taire, y met du sien lui aussi. L'impression qui s'en dégage est que non seulement la Palestine est toujours le dindon de la farce mais qu'en plus, dans ce faisceau de mirages, dans cette parodie de négociations directes, Abbas est aux prises avec un miroir aux alouettes. En d'autres termes, Abbas doit se battre contre les facettes dont cherche à l'affubler la complicité israélo-américaine. Plus encore, le Président de l'Autorité palestinienne ne pourra être, au mieux qu'un Don Quichotte qui ne peut s'avouer vaincu. Car, entre temps, les Etats-Unis et Israël, ceux-là mêmes qui ont fait le lit du Hamas, exigeront de Abbas l'éradication d'un Mouvement sur lequel il n'a aucune prise. Car, en plus, les Israéliens se sont « félicité de la coopération (selon leurs dires), entre l'armée israélienne et les services de sécurité palestiniens » contre les dernières attaques du Hamas. En voilà assez pour noyer le poisson. Et pour isoler encore plus Abbas !