Le Temps-Agences - Les députés français ont adopté hier l'article-clé du projet de loi de la réforme des retraites qui porte l'âge légal de départ de 60 à 62 ans à l'horizon 2018, malgré l'importante mobilisation de la rue. Ce projet de loi reporte également de 65 à 67 ans l'âge permettant d'obtenir une retraite à taux plein quel que soit le nombre de trimestres cotisés, une disposition qui devait être adopté dans la foulée hier soir par les députés. A l'issue d'un long débat, l'article 5 du projet de loi a été adopté par à main levée trois jours après le succès des grèves et des manifestations qui ont vu défiler mardi de 1,1 à 2,7 millions de personnes contre la réforme des retraites. L'UMP et le groupe du Nouveau centre (NC) ont voté pour, les groupes de gauche ont voté contre. "Nous sommes clairement opposés à cette mesure totalement injuste et totalement inadaptée à la réalité sociale de notre pays", a dit la socialiste Marisol Touraine. Les députés de la majorité ont ainsi suivi le Premier ministre François Fillon, qui a exclu jeudi toute concession sur les "mesures d'âge". Ces dernières représentent l'essentiel des économies de 18,6 milliards d'euros que le gouvernement compte faire à l'horizon 2018 grâce à sa réforme. Le gouvernement explique que tous les pays européens ont relevé l'âge de départ à la retraite, à commencer par l'Allemagne, où le seuil a été porté à 67 ans, et ne s'est dit prêt à bouger que sur la pénibilité et les carrières longues. "Je pense qu'aujourd'hui lâcher autre chose, ça veut dire ne plus assurer le financement des retraites", a dit François Fillon en expliquant que si l'on ne faisait rien le déficit serait de 45 milliards d'euros par an en 2020. Le maintien à 65 ans de l'âge de la retraite à taux plein quel que soit le nombre de trimestres cotisés, principale revendication du syndicat CFDT dans la négociation, coûterait à lui seul 6 milliards d'euros, avait-il ajouté. Le vote des "mesures d'âge" par les députés risque de renforcer la détermination des syndicats qui ont appelé à une nouvelle journée de grèves et de manifestations le 23 septembre. L'ancienne candidate à la présidentielle Ségolène Royal a assuré jeudi soir sur France 2 que les socialistes reviendraient à la liberté de partir à la retraite à 60 ans si la gauche remportait l'élection présidentielle de 2012.