« Le développement économique actuel de l'Allemagne aurait été impossible sans la participation des émigrés », déclare M. Gerhard Wahlers, secrétaire général adjoint de la Fondation Konrad Adenauer Stiftung - Arès les propositions de co-développement et d'assistance financière plus substantielle, restées sans suite, des personnalités maghrébines, connaissant mieux la nature et les causes réelles de l'émigration maghrébine et méditerranéenne vers les pays européens, viennent de préconiser la création d'un marché euro – méditerranéen de l'emploi propre à alléger les contraintes dans ce domaine sur les pays maghrébins et méditerranéens émetteurs et à aider à la satisfaction des besoins croissants des pays européens récepteurs en main-d'œuvre. Cette solution ‘'efficace, durable et historique'' a été suggérée, entre autres, par M. Fraj Souissi, Directeur général de l'Office des Tunisiens à l'étranger, lors d'une Conférence internationale sur ‘'l'émigration et l'intégration, chances et défis pour la coopération euro – méditerranéenne'' organisée, ce mardi 5 octobre, à Gammarth, à l'initiative du Centre des études méditerranéennes et internationales, à Tunis, et la Fondation allemande Konrad Adenauer Stiftung dont la représentation en Tunisie s'est dotée, récemment, d'un nouveau bureau à la mesure de la coopération étroite qu'elle entretient avec les divers établissements, institutions et structures de la société civile en Tunisie. Dans le sens de l'histoire Il s'agit à vrai dire d'une proposition consacrant un fait historique et allant dans le sens de l'histoire, car, comme l'a fait remarquer M. Gerhard Wahlers, secrétaire général adjoint de la Fondation Konrad Adenauer Stiftung, venu spécialement d'Allemagne pour l'inauguration du nouveau bureau de la Fondation, à Tunis et assister à cette rencontre, les travailleurs émigrés ont contribué et contribuent encore largement à l'édification de la nouvelle Allemagne depuis 1960 et jusqu' à présent. Il a noté que 20% des Allemands sont issus de parents migrants. Il en va de même pour les autres grands pays de l'Union européenne. ‘'Le développement économique actuel de l'Allemagne aurait été impossible sans la participation des émigrés, a dit M. Gerhard Wahlers, soulignant qu'à la lumière du vieillissement des sociétés européennes, l'Europe va avoir besoin de migrants pour préserver le niveau de vie matériel qu'elle a atteint. Aussi, a-t-il ajouté, il importe de penser dès à présent à se doter de politiques cohérentes et réalistes de l'émigration, en fonction de ces nouvelles données. Cependant, le traitement politique et juridique de l'émigration et de l'intégration des migrants en Europe présente, toujours, des points faibles, a dit le Dr Ahmed Driss, directeur du Centre des études méditerranéennes et internationales, notant qu'il y a eu toujours de problèmes de qualification, de détermination, de conditions et de statuts à ce niveau, malgré les efforts faits pour les surmonter. Les appels à l'adoption d'une Charte des droits des migrants ne trouvent pas encore l'écho favorable ambitionné. Les pays européens et les pays maghrébins et méditerranéens émetteurs de l'émigration n'ont pas non plus la même perception de la notion d'intégration des émigrés dans les pays européens d'accueil. M. Fraj Souissi a plaidé pour une approche concertée de l'intégration qui ne devrait pas se confondre avec l'assimilation pure et simple mais devrait préserver la spécificité culturelle du migrant et ses liens intimes avec sa culture et son pays d'origine. Dimension internationale En favorisant une intégration dans le respect de la diversité culturelle, a dit M. Ahmed Driss, les communautés d'émigrés dans les pays d'accueil pourraient jouer le rôle de pont et de trait d'union solides entre les deux rives de la Méditerranée. L'accent a été mis, par ailleurs, sur la nécessité de prendre en considération la dimension internationale prise par les flux migratoires. Les pays maghrébins eux – mêmes deviennent des pays d'accueil, alors que des mouvements migratoires intenses sont enregistrés dans toutes les régions du monde, au moment où certains secteurs de l'opinion européenne continuent de penser que seule l'Europe est concernée par le phénomène. Dans son intervention, M. Dirk Buda, chargé d'affaires de la délégation de l'Union européenne, à Tunis, a passé en revue les nombreuses actions de coopération euro – maghrébine en matière de gestion de l'émigration régulière et irrégulière, affirmant la nécessité de s'adapter aux nouvelles réalités dans ce domaine, comme le vieillissement des sociétés européennes et les besoins croissants en main d'œuvre, qui en découlera pour les pays européens, ou encore la généralisation du problème de l'émigration à l'ensemble des pays. Ainsi, la Grèce qui était un émetteur de travailleurs, est devenue un pays récepteur de travailleurs émigrés. Le responsable européen a défendu l'idée d'une gestion concertée des flux migratoires qui permet, entre autres, une circulation plus aisée de certaines catégories de ressortissants maghrébins et méditerranéens voulant visiter les pays européens sans l'intention d'y rester. Il est absurde de permettre de telles facilités à des ressortissants de pays éloignés de l'Europe et de les refuser à ceux des pays du voisinage européen, a-t-il dit. Ces facilités et améliorations au service d'une émigration constructive dans l'espace euro – méditerranéen pourraient être obtenues grâce à des accords globaux dans ce domaine.