Par Khaled Guezmir - Noter collègue et ami Si Fraj Chouchène continue à défier le monde du foot et les soirées tumultueuses mais combien populaires de la Champion's League en poursuivant ses investigations telle une fourmi laborieuse dans les méandres de la culture et de l'histoire ! Rien qu'avant-hier son émission télévisée (à Canal 21) « Kalem à la kalem ») qu'on pourrait traduire par « conversations » invitait le professeur Ali Mahjoubi chercheur universitaire et historien de l'époque moderne et contemporaine à présenter son œuvre consacrée pour la plupart au réformisme tunisien, arabe et musulman, à la colonisation et l'établissement du protectorat français en Tunisie, en 1881 et au mouvement nationaliste Tunisien. Après Si Mourad Rameh grand spécialiste de la civilisation de Kairouan et du Patrimoine arabo-musulman en Tunisie et après l'émouvante émission consacrée à l'œuvre de feu Si Jilani Belhaj Yahia et Ali Al Houçari Al Kaïrawani, les amateurs d'histoire contemporaine n'ont pas eu tort de délaisser pour une fois le football pour accompagner les pertinentes explications et démonstrations du professeur Mahjoubi et son éclairage sur les événements qui ont jalonné deux siècles de notre Histoire. Pourtant la démarche n'était pas aisée pour relativiser les événements après un dépoussiérage rendu nécessaire par l'évolution du temps, car ce qui est propre à l'étude historique c'est de dépassionner les débats une fois que les preuves des faits sont établies scientifiquement, méthodiquement et sans habillage idéologique. La colonisation est bien le résultat d'un ensemble de déficits et d'inadaptation des pays qui l'ont connue, aussi bien au niveau interne qu'au niveau de l'environnement extérieur. Déficits, au niveau de l'évolution de la culture traditionnelle et de l'organisation des Etats. Inadaptation à l'évolution technologique militaire et financière du monde. D'où l'hégémonie d'une civilisation et d'une culture dominantes et ascendantes sur un espace déclassé et incapable de réagir et de se défendre. Les réformes de Khéreddine, malgré leur mérite, ne pouvaient retarder l'avènement du Protectorat français en Tunisie, du fait des intrigues du sérail des Beys et du déclassement des institutions. La colonisation allait charrier les structures de la société et de l'économie traditionnelles tel un déluge. Pourtant la déstructuration subie agressivement par le tissu social Tunisien, allait naître le mouvement nationaliste libérateur ! Ainsi va la vie ! Finalement la colonisation a été un transfert de « manière d'être », une greffe réalisée de manière non pacifique certes mais dont le résultat est cet ensemble de mutations profondes que nous connaissons encore aujourd'hui. En fait l'Occident n'est jamais plus l'Occident et l'Orient ne sera jamais plus l'Orient du fait de cette osmose née de la colonisation… subie mais consommée ! De la culture sur notre TV. On en redemande ! Tant pis pour le foot !