De la province rebelle de Tunis à la Sublime Porte, ce mamelouk circassien du Caucase russe, arraché aux siens, vendu à Istanbul et ramené à Tunis, aura goûté à tous les honneurs de la gloire avant de sombrer dans l'anonymat et l'oubli. La postérité l'a rattrapé et la Tunisie l'a, pour l'éternité, rétabli dans toute sa grandeur. L'Académie tunisienne des sciences, des belles lettres et des arts, Beït Al Hikma organise aujourd'hui mardi 4 mai 2010, à partir de 9h30, une journée d'études consacrée à l'esprit réformateur du général Khéreddine Pacha, apôtre et promoteur de la modernité en Tunisie. Khéreddine, mamelouk d'origine circassienne, serait né approximativement autour de 1820. Enlevé très jeune, il est vendu à Istanbul et arrive à Tunis en 1838. Il est élevé à la cour et dans le sérail. Promu au grade d'aide de camp, il est alors le favori d'Ahmed Bey. Il fut chargé de diverses missions en Europe et auprès de la Sublime Porte. En janvier 1857, il devient ministre de la Marine, puis président du Grand Conseil en mai 1861, mais en décembre 1862, il se démet de ces deux fonctions et se tient à l'écart des affaires. Nommé président de la commission financière en 1869, il devient ministre dirigeant en janvier 1870. Le 22 octobre 1873, il succède à son beau-père, Mustapha Khaznadar (mamelouk originaire de l'île grecque de Chio où il serait né vers 1817 sous le nom de Gheorghis Kalkias Stravelakis) dont il a provoqué la chute, et est nommé premier ministre. Sa gestion était salutaire‑: il engage une politique d'assainissement de l'économie, de modernisation, de l'éducation et de réforme de l'Etat, mais finit par céder devant l'hostilité de l'entourage de Sadok Pacha Bey; il se retire en juillet 1877 et s'exile à Istanbul où le sultan ottoman lui confie le poste de premier ministre. Il décède en 1889. L'héritage de cet esprit éclairé aura été d'avoir introduit dans plus d'un domaine des réformes certes radicales, à caractère révolutionnaire, mais surtout d'avoir tenté d'adoucir les conditions extrêmement pénibles de ses compatriotes, d'avoir supprimé les obstacles gênants et d'avoir amélioré le travail en rénovant l'esprit. Le contenu de la journée Neuf interventions composeront la plate-forme de cette journée d'études : - Les traces de la pensée réformiste de Khéreddine et le mouvement national tunisien, par le professeur Ali Mahjoubi - Le rôle des ulémas de la Zitouna dans le réformisme de Khéreddine, par le Dr Kamel Omrane - Khéreddine dans le regard des déshérités‑: bénédiction ou catastrophe, par le professeur Hédi Timoumi. - Son appartenance à l'élite l'a-t-elle immunisé contre les dérives des réformes? Les réactions des ulémas de la Zitouna, par le professeur Faouzi Mostaghanemi. - Pourquoi Khéreddine demeure-t-il notre contemporain? par le professeur Mohamed Haddad - La question juive, par le professeur Abdelkrim Allagui - Khéreddine et l'information, par le professeur Mohamed Larbi Snoussi - Khéreddine et l'Allemagne, par le professeur Mounir Fendri - La nature de l'échec politique de Khéreddine, par le professeur Zouhaïr Dhaouadi.