• «L'Investisseur Stratégique» sera soit un candidat de nationalité tunisienne, soit un consortium dirigé par un candidat tunisien - C'est finalement la Banque d'Affaires de Tunisie (BAT) qui a été retenue comme conseiller exclusif dans le cadre de la cession des participations de la Société Tunisienne de Banque (STB), dans le capital de la Banque Franco- Tunisienne (BFT). La STB acquiert en effet 78,16% du capital de la BFT. Un capital augmenté de toute tranche de capital supplémentaire des autres actionnaires « s'ils le souhaitent, afin d'augmenter le bloc d'actions à céder sans l'opération de cession envisagée » selon ce qui vient d'être annoncé dans un document exclusif, distribué aux candidats intéressés par cette acquisition de la BFT, et dont « Le Temps » en a obtenu une copie. Créée en 1879, par décret beylical, la BFT est la plus ancienne des banques tunisiennes. Elle exerce des activités bancaires, conformément aux dispositions de la loi numéro 2001-65 relative aux établissements de crédit telle que modifiée par loi numéro 2006-19 du 02 mai 2006. La BFT est constituée sous la forme d'une société anonyme, ayant son siège social à Tunis La BFT dispose d'un réseau de 7 agences bancaires réparties principalement dans le Grand Tunis. Bien que son nom puisse indiquer des activités plutôt non ordinaires, la BFT assure des opérations plutôt simples. On cite les activités de réception de toute personne physique ou morale, des dépôts à vue ou à terme, l'accord de crédits, l'assurance de paiement ou de recouvrement de tout titre de paiement de créance, de faire pour elle-même, pour le compte de tiers ou en participation, toutes opérations commerciales de quelque nature qu'elles soient, tout achats, ventes ou déplacement de fonds d'Etat, d'actions et d'autres titres, ainsi que de procéder à toutes opérations pouvant se rattacher aux objets ou à l'un des objets spécifiés par voie d'apports, de souscription ou achats de droits sociaux, de fusion, d'association en participation. L'actionnariat de la BFT rassemble plusieurs catégories hétérogènes d'actionnaires à participation publique (à travers la STB à raison de 78,16%), des personnes morales tunisiennes privées et des personnes physiques tunisiennes dont ses employés. Le capital social s'élève à 5 MDT composé de un million d'actions d'une valeur nominale unitaire de 5DT, toutes entièrement libérées. Après la STB, l'actionnariat de la BFT comprend aussi des sociétés, telle que la Compagnie Générale de Participation, avec 6%, ou des particuliers tels que Karim Salem Ben Naceur avec 2,33%, Slim Ben Naceur avec 2,33%, la SITT Africa avec 1,60%, de même pour la COTUDEP avec 1,60%. D'autres compagnies et particuliers détiennent à leur tour des participations de moins de 1%. Le personnel et les ex- personnels de la Banque détiennent 0,31% du capital de leur banque. La BFT dispose d'un patrimoine immobilier et de biens d'exploitation d'une importante valeur. De ses agences, la BFT n'est propriétaire que de celle sise à la Rue Hédi Nouira (à Tunis), soit un local de 363 mÇ. Sinon, tous les locaux des autres agences sont des « locations », même le local sis à la Charguia, et réservé pour les archives. Par contre, la BFT est propriétaire d'un immeuble à la Rue d'Alger au cœur de la ville de Tunis, qui s'étend sur une superficie couverte de 2475 mÇ sur un terrain de 495 mÇ. La BFT est aussi propriétaire de deux importants terrains, du point de vue de leur emplacement. Il s'agit d'un terrain de 325 mÇ sur la Rue Mohammed V, d'un autre de 862 mÇ à la Rue Ali Dargouth, ainsi qu'un troisième terrain de 1031 mÇ à Hammem Echatt à Ben Arous. Dans la ville de Sfax, la Banque est propriétaire d'un terrain d'une superficie couverte de 74 mÇ, à la cité El Mourouj. Baisses Le positionnement de la BFT dans le paysage bancaire tunisien n'est pas à vrai dire confortable. Sa part du marché du total actif est passée de 1,05% en 2006, à 1,20% en 2007, puis à 1,1% en 2008 pour chuter à 0,9% en 2009. Pour ce qui est de sa part de marché en matière de dépôts, et depuis les 1,41% réalisés en 2006 et en 2007, la BFT a vu sa part baisser à 1% en 2008, puis à 0,76% en 2009. Et les baisses ne cessent de s'enchaîner, et touchent cette fois là les parts de marché de la BFT dans le marché des crédits, une part qui est passée de 1,51% en 2008, à 1,50% en 2008, puis à 1,31% en 2008. A rappeler que cette part là était de 0,48% en 2005. « La relance de l'activité de la BFT à partir de 2005 lui a permis d'accroître ses parts de marché après une longue période de stagnation. Ces accroissements se sont confirmés en 2006 et en 2007 pour connaître une légère baisse en 2008 » lit-on dans ce même document. En 2009, les ressources de la BFT ont été constituées des ressources clientèle et plus particulièrement des dépôts qui totalisaient 154.513 mille DT, soit 39,1% du total des ressources et 92,6% des ressources clientèle. A partir de 2007, la BFT a eu recours à des emprunts interbancaires. Ce choix a été confirmé en 2008 et en 2009 pour faire face à la baisse des ressources clientèle et plus particulièrement les dépôts à terme. Ils ont représenté 24,7% du total des ressources à fin 2008 et 57,2% à fin 2009, contre seulement 9,9% à fin 2007. Le total des ressources de la BFT a baissé de 407, 8 mille de dinars en 2007, à 394,3 mille de dinars en 2008, pour faire une petite montée en 2009 et se situer à 395,5 mille de dinars. Ceci est d'autant plus lié au nombre des clients et de leurs comptes. En 2007, la BFT comptait 13 416 clients, pour 13620 comptes clients, des chiffres qui ont baissé en 2008, une année où la Banque n'a compté que 13372 clients et 13550 comptes clients. Et les baisses n'ont cessé de s'enchainer, puisqu'en 2009, la BFT n'avait plus que 13007 clients et seulement 13111 comptes clients. Année de toutes les baisses pour la BFT, 2009 a vu les comptes chèques représenter 5.434 MDT, soit une moyenne de 42% des comptes clients durant les trois dernières années. Cependant, la BFT a pu relancer l'activité crédit et doubler ses concours à la clientèle entre 2004 et 2005 passant de 90.517 MDT à 180.878 MDT, puis entre 2005 et 2007 passant à 370.680 MDT, pour finalement dépasser la barre des 400 MDT en 2008 et 2009. Le taux de croissance annuel moyen des emplois entre 2002 et 2009 est de 24,94%. Les crédits à la clientèle représentent une moyenne de 80% du total des engagements sur les cinq derniers exercices. Les secteurs de l'industrie et des autres services constituent les principaux bénéficiaires des engagements de la BFT totalisant respectivement 37% et 47% du total de ces engagements. En matière d'opérations avec l'étranger et en raison des synergies développées avec un réseau de correspondants étrangers, l'activité de commerce international a été traditionnellement développée à la BFT. Après des hausses record de 75% en 2004 et en 2005, la BFT a pu garder le même niveau d'activité avec des hausses de 5% et de 2% respectivement en 2006 et en 2007 pour atteindre 557.572 MDT. En 2008 et 2009, le niveau de l'activité a baissé respectivement de 13% et de 31% pour atteindre 335.637 MDT à fin 2009. Le facteur le plus important dans le développement de l'activité de commerce international est la domiciliation des titres de commerce extérieur qui représentent une moyenne de 53% sur les 5 derniers exercices. Mais cette activité de commerce international n'a pas représenté une exception, puisqu'elle a aussi été en baisse, notamment en 2009, où la domiciliation des titres a baissé de plus de 200 MDT en 2008, à moins de 150 MDT en 2009, outre que les règlements sur l'étranger ayant baissé de plus de 100 MDT en 2008, à près de 70 MDT en 2009. Sur les cinq derniers exercices, les opérations de commerce extérieur sont constituées en moyenne à près de 59% de crédits documentaires, les remises documentaires arrivent en deuxième position avec environ 34% du volume puis les obligations cautionnées pour le reste. La marge d'intermédiation représente près de 50% en moyenne du PNB de la Banque, et les commissions nettes, qui ont progressé de près de 150 % entre 2004 et 2007, représentent près de 40% du PNB. Le fléchissement de la marge d'intermédiation et des commissions nettes ont impacté le PNB qui est passé à 8.317 MDT en 2008 puis à 7.205 MDT en 2009. Des états financiers loin d'être rassurants A vrai dire, rien encore n'explique la chute des indicateurs de la plus ancienne des banques tunisiennes d'un personnel de 216 personnes. Le même personnel est en constante baisse d'effectif, mais qui perçoit cependant 6,4 millions de dinars comme moyenne annuelle en guise de rémunérations. Ceci peut en quelque sorte expliquer les baisses des indicateurs financiers de la BFT. Le total actif de la BFT a connu une baisse de 8% entre 2007 et 2008, en passant de 438,1 mille de dinars à 404,9 mille de dinars. La barre a été un peu redressée en 2009, avec une maigre croissance de 1%, soit un total actif aux abords des 410,8 millions de dinars. Le total passif, est lui aussi en baisse, de 29% entre 2007 et 2008 (de 438,1 mdt, à 398), puis cette légère hausse de 1% en 2009, à 403,8 mille de dinars. Les capitaux propres de la BFT sont passés de 6 833 mille de dinars en 2008, à 7055 mille en 2009, soit un 3% de plus. Le total des produits d'exploitation bancaire a, lui, enchaîné les chutes. De 3% entre 2007 et 2008 (de 28,9 mille de dinars à 28,05) il a accusé une baisse de 12% une année après, se situant à 24,7 mille de dinars en 2009. Le total des charges d'exploitation bancaire et après la baisse catastrophique de 132% entre 2006 et 2007, a enchaîné lui aussi les baisses, notamment celle de 11% entre 2008 et 2009, et qui a vu le bilan passer de -19,7 mille de dinars à -17,4 mille de dinars. Ceci et autres indicateurs sont à l'origine de cette baisse constante du Produit Net Bancaire (PNB) de la BFT. Un BNP qui est passé 11, 4 Millions de dinars en 2007, puis à 8,318 MDT (soit une baisse de 27%), pour finir avec une baisse de 13% en 2009, avec un PNB ne dépassant pas les 7,205 MDT. La liquidité et les équivalents de liquidités en fin d'exercice n'ont à leur tour pas rompu avec les baisses. Elles ont été de -86, 7 mdt en 2008 (soit une baisse de 1425% par rapport à 2007), pour s'aggraver en 2009 et se situer à -211 mdt, accusant une baisse de 144% de plus. Un nouvel acquéreur, à sa tête un Tunisien, en 2011 Présentant des indicateurs autant inquiétants que surprenants, la BFT cherche actuellement un acquéreur. La Société Tunisienne de Banque (la "STB") actionnaire majoritaire, agissant pour son compte et de concert avec un groupe d'actionnaires, compte procéder à la cession, sur appel d'offres, de Sept cent-quatre-vingt-et-un-mille-six-cent-trente-huit (781 638) actions assorties de droits de vote (le "Bloc d'Actions") de la Banque Franco-Tunisienne, soit 78,16% du capital, à un investisseur partenaire stratégique (l'"Investisseur Stratégique" ou ensemble les "Investisseurs Stratégiques"). « L'Investisseur Stratégique doit avoir la capacité de gérer et de développer une banque », souligne-t-on cependant. Et « l'Investisseur Stratégique » sera impérativement soit un candidat de nationalité tunisienne agissant seul, soit un consortium dirigé par un candidat tunisien et pouvant inclure d'autres investisseurs. Si l'Investisseur Stratégique est un Consortium, le candidat tunisien devra être désigné et mandaté comme chef de file du Consortium par les autres membres du consortium. La Data Room, soit la présentation du total des actifs et des propriétés de la BFT, a déjà démarré le 4 octobre courant, et devra prendre fin le 23 de ce mois. La remise des offres devra avoir lieu le 17 décembre prochain, juste avant le closing de la transaction, devant avoir lieu entre les mois de janvier et de février prochains. Quoi qu'il en soit, et quelle que soit la nationalité du ou des nouveaux acquéreurs, un grand chantier devra être ouvert afin de redresser la BFT. La STB elle, pourrait se débarrasser d'un boulet qu'elle traine depuis longtemps et se concentrer sur son propre chantier, à savoir celui de la fusion avec la BH, dans un objectif suprême, celui de redorer le blason du paysage bancaire tunisien. Haykel TLILI Lexique : Data Room ? *Dans le cadre du processus de cession d'une entreprise, l'ensemble des informations confidentielles d'ordre économique ou juridique est mis à disposition des acquéreurs potentiels dans un lieu appelé data room. L'accès à cette salle est très réglementé. La traduction en français : salle de stockage de données.
