Les habitués de l'Octobre musical se souviennent sûrement de la Soirée «Nafass » qu'avait proposé l'ensemble Aloès, dirigé par Alia Sellami, l'an dernier dans le cadre de la 15ème édition de l'Octobre musical. Pour la présente édition, Alia Sellami nous revient avec quelques membres de la troupe Aloès et avec le trompettiste Ibrahim Maalouf, invité par l'Institut Français de Coopération, pour un concert où cordes vocales et trompette se sont réunies pour une improvisation qui a plu au public mais qui n'a pas volé bien haut… Dans le froid de la nuit du mardi 19 octobre, plusieurs dizaines de personnes ont pu assister au concert franco-tunisien. La salle était archicomble et les gens ont pris place dans les bas-côtés et même dans le déambulatoire, derrière la scène. Une foule pareille étonne par son aspect hétéroclite, sa diversité et sa densité. Mais ce qui la reliait c'était l'amour de la musique, la curiosité et le respect des lieux. Dans un silence quasi religieux après la sortie des artistes, le concert débuta. Alia Sellami et ses compagnons de scène (une fille et deux garçons) ont donné le ton de la soirée : un chant à capella auquel vient s'ajouter le son de la trompette puis celui du piano. D'inspiration liturgique, ce chant est celui du spectacle « Nafass » que Alia Sellami a revisité avec Ibrahim Maalouf pour monter le concert. Dans sa présentation, la chanteuse expliquera que le programme concocté pour la 16ème édition de l'Octobre musical est tiré du répertoire de « Nafass » mais remanié. Cependant, si la voix individuelle ou à l'unisson n'a rien perdu de sa beauté et de son éclat, si la trompette s'intégrait bien à l'ensemble, enfin si la musique était au rendez-vous, la soirée était en de ça de l'attente. En effet, tous les ingrédients étaient réunis pour une rencontre au sommet mais, ce fut une rencontre terre à terre qui s'est produite. Le programme proposé était décousu et n'avait pas de ligne directrice. Les réarrangements des chansons ne changeaient pas la version originale. La trompette n'a pas transporté le public, elle fut un simple accompagnement aux voix sauf pour une interprétation en solo au milieu du concert. Là aussi, l'interprétation était timide et on aurait aimé que Ibrahim Maalouf soit plus présent et profond pour apporter cette part d'évasion empreinte d'excellence auquel nous ont habitué la majorité des musiciens qui ont défilé sur la scène de l'Octobre musical. De plus, les explications interminables au début de chaque morceau déconcentraient et accentuaient l'aspect décousu. Individuellement, les artistes offraient une performance enivrante ; ensemble, c'est une sensation de manque, de quelque chose d'entravée qui prenait le dessus. Sur la scène, les vocalistes et le trompettiste donnaient l'impression que le concert était une rencontre entre des amis qui faisaient de la musique et certains avanceront même l'idée que c'est une répétition et non un concert, idée réconfortée par le rappel où les artistes se sont « lâchés ». Ainsi, le concert de l'ensemble Aloès et de Ibrahim Maalouf n'était pas la rencontre attendue. Alia Sellami nous a habitués à l'excellence à chacun de ses passages sur la scène de l'Octobre musical, chose qui manquait cruellement à sa performance au côté du trompettiste. Malgré le nombre impressionnant de personnes présentes, la soirée avait le goût du bâclé et de l'inachevé…