Par Bourguiba BEN REJEB - C'est encore reparti pour un tour : Naples croule sous des milliers de tonnes de déchets, avec les désagréments que cela suppose pour le commun et pour le visiteur mal tombé. La dernière fois, il y eut une crise politique autour de la question, et même un enjeu électoral gagné par Berlusconi. Des solutions provisoirement permanentes avaient été trouvées et des raids de propreté avaient été organisés. Mais comme les déchets ont cette indélicatesse de proliférer avec constance et assiduité, tout le monde est revenu à la case départ, les incendiaires occasionnels en prime et la pollution atmosphérique pour compléter le décor. Les citoyens ont été pris comme des rats, et les rats à quatre pattes ont trouvé à se régaler. Naples reprenait le flambeau des grandes cités dont les poubelles tenaient la rue. Les manifestants devaient se frayer un chemin dans tout ça, les autorités n'étant plus bousculées par des échéances électorales immédiates. Résultat des courses, à Naples comme à Marseille, les éboueurs sont devenus les vedettes des temps qui courent derrière la société de consommation. La réapparition des rats est mauvais signe, dit-on, pour la modernité. Le paradoxe est que plus on avance dans le raffinement, plus on est confronté aux démons des bas fonds. Au XXIème siècle, le choléra réapparait dans un monde qui manque d'hygiène. Et qui manque probablement aussi de clairvoyance, même quand les occasions de venir à bout du gâchis ne manquent pas. Ainsi et au même moment, à Nagoya au Japon, les experts du monde palabrent autour des moyens devant permettre de défendre la biodiversité. En apparence, les deux combats sont différents. En apparence seulement. L'amoncellement à l'infini des déchets signifie qu'on continue toujours à rejeter ce qu'on a produit sans besoin réel de consommer. Du coup, les ressources s'épuisent et les poubelles se remplissent à ras bord. Et pour peu que les conflits sociaux perdurent, les excès aggravent le problème, mais aussi l'exposent au grand jour. Que cela nuise au tourisme n'est qu'une partie finalement anecdotique de la question. Après tout, les déchets les plus dangereux ont été enfouis sous terre ou au fond des mers, là ou les plantes et les poissons perdent de plus en plus leur habitat naturel. Il n'y a pas de conflits sociaux autour de ces nuisances, d'ailleurs les éboueurs ne s'y emploient pas. Quelques optimistes avaient seulement prédit que le monde allait obtenir en 2010 des résultats sur ce front de la biodiversité, et donner ainsi une chance à l'avenir. Les experts de Nagoya n'ont pu que constater l'échec. Les finances des plus riches n'ont pas suivi, semble-t-il. Il manque 99% des moyens nécessaires à la survie de la planète, disent les pays émergents. Encore du chemin à parcourir, en somme et en attendant mieux.