Une chevelure blanche qu'on dirait agitée par une brise inconnue ; une silhouette qui habite la scène munie d'une guitare et puis ces pincements savants et savoureux qui confèrent à l'espace un bien-être exquis. Telles étaient la sensation et l'image que le public de l'Octobre musical gardera du passage de Lubomir Brabec. Avec le concours de l'ambassade de la République Tchèque, l'Acropolium de Carthage a invité le guitariste internationalement connu pour un concert singulier en ce mardi 26 octobre sur la colline de Byrsa… Seul sur la scène et n'ayant pour compagnon que son instrument, Lubomir Brabec a gratté les cordes de la guitare pour en extirper les notes poignantes, touchantes et sensitives qui démontrent le talent incontesté du guitariste et le génie créateur des compositeurs. Le programme proposé était principalement axé sur les œuvres des XIXème et XXème siècles. Des compositions dotées d'une force et d'une harmonie qui atteignent les cœurs et qui comblent l'oreille du mélomane. Lubomir Brabec a capté l'attention des convives à travers les variations tonales, le pincement savant et cette sensibilité qui font surgir l'émotion que renferme la partition en filigrane des notes. Les cordes ont vibré sous les doigts du guitariste sous l'égide de Villa-Lobos, Weiss, Sor, Turina, Albeniz, Tarrega et Tezi ; autant d'artistes que la composition exacerbe le talent de l'artiste. Lubomir Brabec a habillé l'atmosphère d'excellence et de grâce dans une réappropriation des morceaux joués dans un doigté parfait. Les phrasés se sont enchaînés dans une diversité de ton jusqu'à atteindre le son le plus pur grâce à l'harmonique. L'interprétation du guitariste était un ravissement profond et ludique à la fois. Brabec a joué avec son instrument, instaurant ainsi un dialogue intime lors duquel le son de la guitare a avoisiné celui du violoncelle par des notes graves, ou, en fermant les yeux dans certaines variations, on pouvait l'assimiler à un tambour dans sa vigueur. Le paroxysme de la beauté et de la grandeur fut atteint avec « Leyenda » d'Isaac Albeniz et l'apothéose fut ce double rappel qui marqua la fin du concert. Une sollicitation du public qui pendant quelques minutes additionnelles s'est laissé transporter par le pincement des cordes et la joie de vivre du guitariste. Profonde et belle, majestueuse et gracieuse, telle était la soirée du mardi 26 octobre à l'Acropolium de Carthage. Un voyage, une évasion exquise dans l'antre de la grande musique avec, pour guide, la guitare et l'habileté de Lubomir Brabec. Sous les doigts du musicien, un volet de la grande musique a été mis à l'honneur. Pendant près d'une heure, le guitariste se fit alchimiste : celui de la note juste et de l'émotion. Le cœur a vibré et l'âme s'est délectée d'un breuvage savamment dosé sous le signe de la découverte, de la beauté et de la splendeur…