Le Temps-Agences - George W. Bush a beau «rejeter fermement le mot torture», il ne s'agirait que d'une question de sémantique, si on en croit ses mémoires. Dans son livre «Decision Points», à paraître le 9 novembre courant aux Etats-Unis, l'ex-président se confie sur la décision d'utiliser la technique d'interrogatoire du «waterboarding», une méthode d'interrogatoire qui simule la noyade, sur Khalid Sheik Mohammed, un des cerveaux des attentats du 11-Septembre. Il affirme qu'il était non seulement au courant, mais qu'il soutenait fortement cette décision. Quand la CIA lui a demandé si la technique, qui est désormais illégale, devait être utilisée sur Khalid Sheik Mohammed, qui était soupçonné d'avoir des informations sur des attentats terroristes imminents, Bush a répondu «Oh que oui» [«Damn right»]. En avril dernier, le New York Times rapportait que les agents de la CIA ont utilisé le «waterboarding» à 266 reprises sur deux membres présumés d'Al-Qaïda, dont 183 fois sur Sheik Mohammed. Malgré le fait que le gouvernement et le département de la Justice actuels aient pris des mesures pour classer le waterboarding comme de la torture, Bush ajoute que s'il avait le même choix à faire aujourd'hui, il reprendrait la même décision. Si Obama a promis de ne pas poursuivre des responsables de l'administration Bush pour le waterboarding, des responsables d'associations de défense des droits de l'homme et des experts en droit affirment que cet aveu pourrait en théorie exposer l'ancien président à des poursuites judiciaires, même s'il y a peu de chances que cela arrive. Le professeur de droit de l'université de Georgetown David Cole estime dans les colonnes du Washington Post: «Le fait qu'il l'ait admis semble indiquer qu'il croit avoir une immunité politique l'empêchant d'être tenu responsable. Mais la politique peut changer.»