Le cinéma n'est pas une machine qui produit du rêve. Le cinéma est le miroir de vies, où des êtres distillent leurs rêves et leur potentiel imaginaire, les plus extraordinaires. Les propos qui constituent le contenu du dernier livre de Daniel Soil, délégué Wallonie – Bruxelles en Tunisie est le reflet d'autant de rêves diurnes, drapés d'un réalisme qui expriment un idéal atteint dans des relations humaines. Un retour sur des parcours d'exceptions et des échanges peu connus. Un réseau de références A la lecture des différents témoignages, dires, informations, confidences de tout un chacun ou chacune, c'est toute une succession générationnelle qui s'exprime avec une unanime reconnaissance du rôle de cette institution phare, l'INSAS, dans la formation de cinéastes, réalisateurs, producteurs et autres techniciens spécialisés et compétences qui font référence dans le monde du cinéma en Tunisie. Ce réseau de références reflète, toujours à travers des propos qui reviennent sur des parcours professionnels, des expériences de collaboration, de travail en commun qui ont abouti à des projets cinématographiques peu ou moins connus auprès du public tunisien, mais souvent donner naissance à des films qui ont fait l'âge d'or et la gloire du cinéma tunisien, tout en permettant l'émergence d'une spécificité cinématographique tunisienne. Et, ce n'est pas tant l'envergure et la renommée de certains, que Daniel Soil se limite de souligner, c'est toute une trame collaborative, un panel de profils dans des spécialités différentes, montage, son, lumière…qui s'est construite entre les successives promotions formées devenus professionnels de ce métier. Un métier qui requiert une exigeante passion et qui sans cette toile relationnelle, aucune émergence et mise en évidence de ce professionnalisme n'auraient été possibles Au-delà de l'intérêt et la pertinence de ce travail de compilation et de visibilité plus ou moins exhaustive des noms les plus connus de ce secteur, la technique du témoignage traduit, à l'image d'un documentaire filmique, cette trace de véracité liée aux propos recueillis, et c'est ce qui fait à notre sens la qualité du livre. Les cheminements de carrières n'étaient pas égaux, certains ont même renoncéà leur passion, et ce sont autant de discours, porteurs de rêve, d'illusions et de désillusions qu'il est fascinant de visualiser et d'imaginer. Toujours, et comme seul un vrai cinéma sait faire rêver. Expériences humaines Et dans la vie, comme au cinéma, les scénarios ne peuvent se construire qu'à travers un vecteur humain d'une égale exigence de sincérité, de valeurs humaines partagées et d'échanges réels. Cette dimension se profile de manière évidente et presque spontanée. Tous les témoignages, tunisiens ou belges soulignent des particularités relationnelles qui répondent à des attentes et modes d'expressions qui trouvent de part et d'autre des échos favorables, au point de nouer des relations indéfectibles qui se sont inscrites dans le temps. Ce sont d'abord des relations de formation, encadreur ou directeur et étudiants, puis des rapports de travail différents, et dans une évolution presque naturelle des amitiés, des relations humaines fortes qui sont allées pour certains jusqu'au mariage. Le parallèle a souvent été fait dans certains témoignages sur la singulière ouverture des Belges par rapport aux Français, et, il y a à ce niveau, des éléments à retenir pour dire comment des échanges Nord Sud ne peuvent aboutir à des partenariats féconds qu'avec en préalable des pré-requis similaires. Pour que les meilleures intentions politiques qui expriment des souhaits d'échanges interculturelles réels et productifs ne restent pas des vœux pieux, il y a dans ces expériences tuniso-belges une matière de réflexion, une substance relationnelle entre individus de deux cultures différentes qu'il convient de retenir. Perspectives Au-delà de ces deux dimensions du livre de Daniel Soil, « parcours de cinéma » c'est toute une source d'informations pour les initiés et non initiés qu'il convient de souligner. En effet, la relève générationnelle est parfaitement soulignée à travers des noms de jeunes talents prometteurs. Les pionniers, encore de ce monde ou l'ayant quitté ont dignement lancé les balises de ce secteur qui reste prometteur et fait farouchement rêver. Aussi, les mordus d'antan et à venir, les spécialistes de tout bord, les rigoureux dans la collecte d'une information fiable sur le monde du cinéma en Tunisie, les initiés et non initiés ne peuvent faire l'économie de ce livre.