Le troisième numéro de la revue « Al-muqadima » propose diverses réflexions autour du thème « Identité et violence ». Les articles qui le constituent (12 en tout) reprennent en fait la problématique d'un colloque organisé sur le même sujet (ou presque) par le département de sociologie de l'Institut Supérieur des Sciences Humaines de Tunis. Ce sont autant de tentatives pour cerner et comprendre les deux notions de l'Identité et de la Violence abordées sous des angles multiples, sociologiques, philosophiques, anthropologiques, psychologiques, historiques etc. Les auteurs des communications s'évertuent d'autre part à déceler le lien étroit qui existe entre ces sujets encore et toujours d'actualité. Questions maghrébines La partie française de la revue nous propose de lire trois articles dus respectivement à Bouhroum Abdelhakim (sociologue algérien), Samira Ayed et Mehdi Mabrouk (tous deux sociologues tunisiens). Le premier analyse la crise de « sens » que vit la configuration sociale-historique algérienne contemporaine, crise dont l'une des expressions les plus manifestes est figurée par la confrontation violente, multidimensionnelle, politique, idéologique, religieuse et économique entre les membres de cette configuration. Samira Ayed, quant à elle, développe sa réflexion autour de l'identité sexuée (définie comme « ce sentiment intime que chacun a d'appartenir à l'un des sexes que la biologie et la culture distinguent ») et de la violence symbolique qu'exercent les constructions sociales et politiques en imposant aux individus qui les composent des interprétations conventionnelles et souvent arbitraires des différences biologiques entre l'homme et la femme. La communication de Mehdi Mabrouk porte sur les notions de frontières, de clandestinité et de violence en traitant de l'immigration illégale vers l'Europe à travers les pays du Maghreb. On y découvre d'intéressantes données statistiques (pas toujours actualisées hélas !) sur les auteurs et les victimes de cette mobilité illicite. Le chercheur nous apprend également les nouveautés juridiques en matière de lutte contre l'immigration clandestine depuis le territoire tunisien. Une problématique complexe Dans la partie arabe, on peut lire avec beaucoup d'intérêt et un plaisir certain les communications de Mounir Saydani « violence de l'identité, identité de la violence » ; Mouldi Gassoumi « Interrogations sur les modes et les structures générateurs de violence » ; Habib Nahdi « Anthropologie de la violence vécue » ; Ward Abdelmalek (du Maroc) « Violence de la société contemporaine et revendication d'une reconstruction identitaire » ; Mohamed Naîm Farhat (sociologue palestinien) sur Jérusalem et ses symboles sacrés ; Jalel Tlili sur le journaliste tunisien et son action dans le développement (problèmes d'identité professionnelle et contraintes du métier) ; Noureddine Naifer sur ce que l'on entend aujourd'hui par « violence » du point de vue des sciences humaines et de la médecine. Badreddine BEN HENDA ** « Al-muqadima » est une revue scientifique semestrielle de l'Association Tunisienne de Sociologie ; elle en est à son troisième numéro qui est publié avec la collaboration du Ministère de l'Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique et l'Institut Supérieur des Sciences Humaines de Tunis. C'est une édition en 240 pages de la Maison Arabe du Livre (juin 2010).