Accord avec le ministère que le syndicat qualifie d'«historique» - La grève du corps médical hospitalier, qui était initialement prévue pour aujourd'hui a été annulée. Un accord conclu, mardi soir, entre le Syndicat général des médecins, des pharmaciens et des chirurgiens dentistes de la santé publique et le ministère de tutelle a permis de désamorcer définitivement le mouvement du débrayage qui risquait de paralyser le fonctionnement normal des divers établissements publics de santé (EPS). « Nous sommes parvenus à un accord historique sur les diverses revendications du corps médical hospitalier qui nous a incité à lever le mot d'ordre de grève», a précisé le Dr Sami Souihli, secrétaire général du syndicat lors d'une conférence de presse tenue hier au siège de l'Union Générale Tunisienne du Travail (UGTT), saluant «la vision stratégique du ministère en matière de mise à niveau du secteur public de la santé». Et d'ajouter: « Tout au long du processus des négociations nous nous sommes montré très souples d'autant plus que nous croyons fermement que la grève constitue un dernier recours, mais nous tenons à remercier les services compétents du ministère qui ont fait preuve d'un grand sens des responsabilités». Abondant dans ce même sens, M. Moncef Ezzahi, secrétaire général adjoint de l'UGTT chargé de la fonction publique, a jugé «très louable» le respect affiché par le ministère pour les syndicats de la santé et salué le sens du devoir du corps médical hospitalier qui continue à résister aux sirènes de la migration vers le secteur privé malgré les avantages substantiels qui lui sont proposés. Du côté du ministère de la Santé publique, on se félicite aussi de «l'ambiance apaisée» dans laquelle se sont déroulées les négociations. « Fidèle à sa politique de la main tendue, le ministère a lancé le dialogue avec la partie syndicale dans le cadre du respect mutuel et de la sérénité», note M. Taoufik Zerelli, chargé de mission au cabinet du ministre de la Santé publique. Adoption de critères objectifs de mutation et de recrutement Entamées au lendemain du report d'un débrayage, qui était programmé pour le 14 octobre au jeudi 11 novembre, les négociations entre le syndicat du corps médical hospitalier et le ministère de la Santé publique ont abouti à un accord sur dix points. La fixation du nombre de fonctions ouvertes dans le cadre des concours de promotion à 15%, au moins, du total du corps médical hospitalier répondant aux critères d'ancienneté requis (5 ans au moins, Ndlr) représente l'un des plus importants acquis réalisés. « En vertu de cette nouvelle mesure, quelque 402 médecins, chirurgiens dentistes et pharmaciens pourront participer aux concours de promotion prévues en 2011», se réjouit, le Dr Souihli. Le secrétaire général du syndicat qui défend les intérêts de plus de 8000 cadres médicaux indique que l'accord a également porté sur la promulgation d'ici le 12 novembre d'un statut spécifique pour les médecins dentistes, l'introduction d'«une forte dose de transparence» dans les modes de recrutement des médecins hospitaliers ( recours à un jury désigné par tirage au sort) et la définition de critères objectifs de mutation (examen des mutations dans le cadre de commissions bipartites regroupant des représentants du syndicat et du ministère, prise en compte des besoins dans les régions intérieures… etc). Revalorisation de l'indemnité de garde pour toutes les catégories L'accord conclu entre le ministère et le syndicat prévoit aussi une majoration de 280 dinars de l'indemnité de non-clientèle octroyée aux médecins généralistes et l'octroi, pour la première fois, d'une indemnité de non-clientèle d'un montant global de 450 dinars aux médecins spécialistes majors. S'agissant de l'indemnité de garde, qui variait jusque-là entre 300 millimes et 3,3 dinars par heure de garde, l'accord préconise un doublement de cette indemnité pour toutes les catégories même si le syndicat s'attache toujours à l'indexation de la rémunération de l'heure de garde sur le salaire horaire en vigueur. Dans ce même chapitre, le congé de compensation des séances de garde a été fixé à trois jours pour chaque séance de 18 heures et à quatre jours pour une séance de 24 heures. Par ailleurs, les négociations se poursuivront entre le ministère et le syndicat sur certains points restés en suspens. Outre l'épineux dossier de la mise à niveau des établissements publics de santé, l'intérêt se porte sur la relance du dialogue sur les textes régissant le fonctionnement des hôpitaux publics ainsi que sur la révision du statut des médecins inspecteurs et des pharmaciens hospitaliers.