Contribuer à l'accroissement de la participation des femmes à l'activité économique, à travers leur habilitation économique, est l'objectif d'un projet que le Centre Arabe de Formation et de Recherches pour la Femme (Cawtar) a été chargé de réaliser, en Tunisie, dans le cadre d'un programme régional de l'Habilitation Economique des femmes (REEWP) dans le monde arabe, initié par l'Organisation canadienne ‘'Oxfam Quebec'' au profit de quatre pays arabes à savoir, la Tunisie, le Liban, la Jordanie et la Palestine. Après un premier séminaire de formation au profit des acteurs appelés à mettre en exécution ce Projet en Tunisie, tenu au mois de juillet dernier, le Centre Cawtar a organisé, hier un autre séminaire ayant pour finalité de renforcer davantage les connaissances et les capacités opérationnelles de ces acteurs afin qu'ils soient en mesure d'aider efficacement au « renforcement des capacités économiques des femmes et du leadership féminin » comme le veut l'intitulé de la rencontre.
Capacités opérationnelles
L'atelier a réuni une cinquantaine de participants dont des cadres de l'administration, des experts en matière de développement. Les actions d'habilitation économique des femmes, prévues conformément à ce Projet, seront menées à l'échelle locale, dans des zones bien délimitées, à l'intérieur du pays, le plus souvent à caractère rural, de sorte que les intervenants seront confrontés à deux sortes de défis, le premier a trait à la difficulté d'agir au plan local, car comme l'a souligné Mme Soukeina Bouraoui, directrice du Centre, l'intervention à l'échelle locale est plus difficile qu'à l'échelle nationale . Puis, ces actions ciblent les femmes dont la situation sur le plan de la participation économique présente de nombreuses difficultés. L'âge des bénéficiaires devrait se situer entre 18 et 35 ans. Même en Tunisie, où l'émancipation très avancée de la femme constitue, pourtant un important atout pour son intégration économique, comme l'a noté le représentant de l'Agence allemande de coopération internationale (GTZ), la participation économique de la femme mérite encore d'être impulsée et boostée, quantitativement. Sur le plan qualitatif, la femme tunisienne a pu accéder, et à des taux appréciables, à toutes les professions et à tous les métiers sans exception. Mais, globalement, les femmes tunisiennes représentent, moins de 40% des forces actives du pays.
Riche expérience
A cet égard, le Centre Cawtar compte travailler en collaboration étroite avec d'autres partenaires ayant une expérience riche en la matière, à l'instar de la Chambre Nationale des Femmes Chefs d'Entreprises, relevant de l'Union Tunisienne de l'Industrie, du Commerce et de l'Artisanat. Justement, cette Chambre professionnelle projette de créer un Centre d'excellence pour la femme artisane, ayant pour mission d'accompagner et de soutenir professionnellement les femmes artisanes en Tunisie, et plus particulièrement les artisanes membres de la Chambre. Mme Amel Bouchamaoui a présenté une communication sur les étapes franchies dans la voie de la création de ce centre d'excellence pour la femme artisane en Tunisie. Son lancement est prévu pour le début de l'année prochaine. Au nombre de 300 environ, les associations de développement disséminées dans les différentes régions et les villes en Tunisie et qui sont chargées d'octroyer des microcrédits pour la création de microprojets, constituent aussi, à cet effet, un partenaire privilégié pour le Centre Cawtar. D'ailleurs, un des objectifs déclarés du Projet est la contribution à la création d'un environnement propice pour le développement économique durable des femmes et des possibilités d'autonomisation économique dans la région, à même de faciliter l'échange d'expériences, le réseautage, et la diffusion des bonnes pratiques au niveau régional. La Tunisie possède une riche expérience en matière de développement local. En effet, comme l'a fait remarquer un des conférenciers, M Pierre-Noel Denieuil, dans une communication sur « les initiatives du développement local », les projets de développement local doivent répondre à une stratégie concertée prenant en considération les caractéristiques du milieu social et économique où ils sont réalisés, afin d'être des facteurs de consolidation de l'identité collective et cimenter davantage les liens sociaux dans la région. La création d'entreprises individuelles devrait s'inscrire dans le cadre de tels projets concertés et intégrés propres à garantir, en premier lieu, la pérennité de ces entreprises.