Ce fut une bonne finale de Coupe. Sur le plan populaire, elle peut rejoindre sur le plan de la réussite, les grandes apothéoses classiques. La réputation de certains acteurs en plus de la vague perméabilité de la défense de l'Espérance et du retour du CAB sur le côté du réalisme, ont interdit aux analystes des pronostics faciles que permettait le statut supposé des deux adversaires. On savait que la pression qui pesait logiquement sur l'Espérance était largement compensée par l'inexpérience du CAB qui allait jouer pour la première fois à Radès et devant un public record. Grosso modo, les plus modérés donnaient une cote d'à peine vingt pour cent à l'Espérance. Les plus audacieux accordaient au rôle de Mokhtar Tlili, une grande part dans l'issue de la rencontre. On savait l'entraîneur du CAB plus gagneur que celui de l'Espérance. Bref, on est allé jusqu'à prévoir un scénario très probable. Quelque chose comme un round d'observation qui serait exploité par Tlili pour déceler un point faible chez l'adversaire. Or, non seulement l'Espérance n'a pas observé un délai d'attente, mais elle a posé, consciemment ou non, un grave problème tactique au CAB qui a mis plus d'une mi-temps pour le résoudre, ce qui obligea Mokhtar Tlili à chercher de combler ses failles au lieu de découvrir celles de l'adversaire. L'Espérance, donc, a démarré sur les chapeaux de roues, asphyxiant littéralement son vis-à-vis, l'obligeant à reculer. Puis Aboucharouane, contre toute attente, s'est plu à déporter sur la droite. Deux faits qui ont apparemment déstabilisé les joueurs bizertins. Le temps qu'ils réagissent à la trombe initiale. Le temps qu'ils réajustent les consignes patiemment enregistrées durant toute une semaine quant au marquage, que déjà l'Espérance prenait un avantage psychologique considérable et obtenu un penalty fruit de cette panique occasionnée par ces faits non prévue. D'ailleurs, cette principale constatation a été résumée par Mokhtar Tlili dans la fin du match : l'Espérance nous a pris de court. Nous sommes entrés trop tard dans le match », avait-il dit. Mais, il a su se ressaisir durant la dernière demi-heure. A temps pour terminer la tête haute mais trop tard pour prendre l'initiative dans la pose des pièges. Ce sera donc la première fois que Mokhtar perdra une finale. On ne lui a pas laissé le temps de piéger l'adversaire. Celui-ci l'a obligé de se battre à découvert. Et dans ce genre de lutte l'Espérance, il faut le dire, était mieux outillée. Mais la fête n'a pas souffert d'un déséquilibre flagrant. Le CABizertin a joué son rôle d'outsider à la perfection. Il a réussi à ne pas prendre de buts autre que sur penalty quand l'Espérance était survoltée et a réussi une résurgence qui a fait douter quelque peu le futur vainqueur. Qui n'avait pas, dans cette liesse, une pensée émue pour ce beau challenger dont le plus clair de ses rêves est plus prosaïques, se maintenir parmi l'élite. Quant à l'Espérance, le spectacle ressemblait à un déjà vu toujours renouvelé.