Par Malek SLIM - Sur fond de tensions croissantes, les Libanais vivent une lancinante attente en prévision de la publication de l'acte d'accusation par le Tribunal spécial sur le Liban (T.S.L), chargé de l'enquête sur l'assassinat de l'ancien Premier ministre Rafic Hariri. La tension actuelle a pour origine, les révélations sur une éventuelle implication de dirigeants du Hezbollah dans l'attentat du mois de février 2005, qui a coûté la vie à plus d'une trentaine de personnes dont Rafic Hariri qui n'était pas en odeur de sainteté à Damas, que le premier président du Tribunal avait accusé d'être le commanditaire de l'attentat en se basant sur des témoignages qui, au fil de l'enquête, se sont révélés faux. Du coup, on ne regardait que très peu du côté de la Syrie et les recherches ont pris un autre cours pour s'intéresser plutôt au Liban. Ce pays où vivent plusieurs communautés religieuses en conflit depuis 1975, date du déclenchement de la guerre civile de quinze ans qui a fini par le diviser en cantons antagonistes où règnent les milices des partis rivaux. En dépit de tous les efforts pour un retour à la normale, la situation ne s'est jamais décantée, d'autant que l'Etat libanais n'est jamais parvenu à imposer une réelle autorité face aux partis dont certains sont surarmés et contrôlent des régions entières du pays. Au-delà des clivages internes qui peuvent dégénérer en conflits armés, il y a les ingérences étrangères qui rendent impossible toute tentative de réconciliation entre les frères ennemis. La Syrie qui a quitté Beyrouth sur résolution du Conseil de sécurité de l'ONU, à la suite de l'attentat contre Rafic Hariri, garde en place des alliés sûrs et bien implantés, l'Iran aussi, qui soutient et arme Hezbollah ne manque pas d'atouts majeurs dans ce pays où d'autres mouvements sont financés et soutenus par d'autres puissances régionales et même occidentales, pour sa part, Israël n'est pas prêt de lâcher le Liban d'autant que son ennemi, le Hezbollah campe avec sa milice sur ses frontières malgré la présence des forces de paix de l'ONU. Le pays du Cèdre vit sur une véritable poudrière qui menace de s'embraser à tout instant. Un incident insignifiant pourrait dégénérer en conflit armé entre les factions qui sont au demeurant sur le qui-vive depuis que le T.S.L a annoncé son intention de publier l'acte d'accusation concernant l'attentat de 2005. L'implication du Hezbollah dans l'assassinat de Rafic Hariri si elle s'avérait effective jetterait le Liban dans l'inconnu et pourrait déboucher sur une situation analogue à celle qui fut à l'origine de la guerre civile de 1975, sauf que pour cette fois-ci, elle sera une guerre entre Libanais, alors que la première avait opposé les Palestiniens et leurs alliés aux forces contestant la présence de l'OLP et de ses combattants sur le sol libanais. Une issue pacifique pour le conflit qui couve semble difficile voire impossible à trouver au vu des positions affichées par les parties concernées par l'affaire Hariri. Le mouvement de Saâd Hariri, chef du gouvernement et ses alliés veulent que la vérité, toute la vérité éclate, alors que du côté du Hezbollah on réfute toute implication on crie au conflit et on soupçonne le T.S.L d'être investi d'une mission qui vise à l'atteindre en tant que mouvement de résistance face à Israël. Cette situation explosive, perçue comme un danger réel pour ce pays et pour la région, met déjà en branle certaines capitales arabes et chancelleries occidentales dans ce qui pourrait être une tentative de dernière chance pour circonscrire l'incendie qui menace. Mais, il est peu probable au vu de la tension exacerbée de voir les nuages qui s'amoncellent sur le Liban se dissiper de sitôt.