Raouf KHALSI - [email protected] - La grève est un droit constitutionnellement reconnu. C'est indéniable. La Tunisie est le berceau du syndicalisme au niveau de la rive sud de la Méditerranée, en Afrique et dans le Monde arabe : c'est une évidence historique. L'existence d'institutions et de partenaires sociaux représente un facteur d'équilibre social. Et l'implication pragmatique, vigilante et toujours conciliatrice des pouvoirs publics assure, pour sa part, autant de repères garantissant une grande visibilité dans le monde du travail. Ainsi, les négociations sociales revêtent-elles comme un signe distinctif, renvoyant à cette « exception tunisienne » fondée sur l'harmonie et la complémentarité entre l'économique et le social. Il reste que dans le cadre de cette dialectique syndicat/pouvoirs publics, les positions sont naturellement divergentes par essence. Cela dit, on pourrait faire l'économie de certains bras de fer contre-productifs et qui finissent par radicaliser les positions. En cette période charnière, en ce contexte de fin d'année où l'on débattra du budget et dans la perspective des agencements que l'Etat apportera à la loi de finances 2011, il est important que les revendications – légitimes – ne basculent pas dans la fièvre et la surenchère revendicative. Car un débrayage qu'on agite, parfois, mécaniquement, finit par engendrer des réflexes épidermiques et finalement passionnels. La sagesse dit que le dialogue est une arme de persuasion massive. Et un dialogue dépassionné, où l'on se fait le plus naturellement et le plus honorablement du monde, mutuellement des concessions, ne se solde jamais par un échec. Le dialogue mène, en effet, au compromis. Et le compromis n'est pas compromission…