Raouf KHALSI - [email protected] - Il est difficile aujourd'hui d'être jeune. C'est le problème du millénaire. De surcroît le combat contre le chômage est le défi majeur du millénaire. On voit partout, même dans les pays les plus riches, ces images de précarité, ces expressions de désespoir, qu'amplifie d'ailleurs un certain questionnement existentiel. Que des jeunes manifestent à Sidi Bouzid pour crier leur rage face à des horizons qui ne s'éclaircissent pas à leurs yeux, cela s'inscrit dans l'ordre normal des choses. Et quelque part, c'est également le signe d'une société dynamique, même si ces manifestations de mécontentement ne doivent pas déborder de leur cadre et ne doivent surtout pas être instrumentalisées. Il ne s'agit guère de problème politique. Car le chômage n'est pas un problème politique, mais un problème social et économique. Chercher à le détourner de ces normes basiques, c'est déjà le dénuer de sa substance. Et, surtout, ce serait lui voler sa légitimité revendicative. Soixante dix mille postes à créer chaque année : l'Etat s'y attèle. Tout les programmes, le plan quinquennal et, surtout, toute la dimension du programme présidentiel ont pour point de départ et point d'arrivée cet objectif titanesque, et pour valeur cardinale l'exclusive adéquation entre le social et l'économique. Sans doute, peut être, le progrès intégral n'est-il pas encore réalisé car le Changement a hérité de disparités régionales très marquées, par ailleurs accentuées par un certain centralisme étatique des temps de l'ancien régime. Mais ce qui est sûr, c'est que le développement régional est incontournable et qu'il lui faudra du temps pour réaliser le rééquilibrage. Pour cela, il faudra que nous nous sentions tous concernés par les aspirations des jeunes. Le secteur public doit être plus transparent et le privé doit inspirer plus de confiance. En tous les cas, il faut bien écouter ces jeunes. Les écouter c'est déjà instaurer le dialogue et leur faire éviter les dérives et l'instrumentalisation politicienne. Les jeunes sont en effet la solution et non le problème. Et le premier à le dire c'est bien Ben Ali.