Raouf KHALSI - [email protected] - Un déterminisme typiquement méditerranéen fait que nous prenons toujours – mécaniquement même – pour référence la rive nord de la Méditerranée, à savoir principalement la France et l'Italie. A cela s'ajoute un rapport traditionnel, grâce au tourisme, avec l'Allemagne. Cela fait que notre modèle économique s'inspire quelque part de celui de nos partenaires, même si la récente crise mondiale a été amortie essentiellement grâce aux spécificités de l'économie tunisienne, à nos règles prudentielles dont beaucoup de précautions et beaucoup de garanties avant de s'engager sur le marché international des capitaux. Or, aujourd'hui, les ambitions de l'économie tunisienne dépassent les « redondances » habituelles et sont légitimement tentées par l'exploration de nouvelles trajectoires. Et le pari est de taille, surtout que le système financier et bancaire - dont les performances sont indéniables - est appelé à améliorer son propre cadre réglementaire, à considérer les banques d'investissement comme des « front-office », à renforcer encore davantage les assises financières des institutions de crédit et à accélérer le processus conduisant à la convertibilité totale et intégrale du dinar. « Il faut apporter une certaine rationalité dans l'intervention de l'Etat » entre autres sons de cloche du côté de la Banque Centrale. Cela veut dire aussi, un désengagement plus franc de l'Etat et l'atténuation du dirigisme s'étant, pourtant, accentué un peu partout dans le monde après les ravages de la dérégulation révélés par la crise des subprimes. Quelque part, il y a un dilemme. Car il y a toujours une demande pressante d'Etat et en même temps les exigences – qui n'acceptent pas de demi-mesures – de la libéralisation du marché financier et bancaire. Comment battre la concurrence de Casa et du Caire pour devenir un Hub régional ? Et, surtout, que la taille de ces marchés est bien plus grande que la nôtre ? Philippe Gautier, expert anglais (Cf page 6), a parlé de « l'effet de groupe » qui a permis la polarisation du marché financier anglais et qui fait la force de la « City of London ». Et, à bien y réfléchir, en cette époque de guerre des monnaies, la Livre Sterling et ce qu'elle symbolise comme exclusivité, comme modèle british, n'est guère impliquée dans des surenchères monétaristes. Il n'est même pas exclu que, dans un avenir proche, la place de Londres, déjà très prisée, en impose à New York, Bonn, Tokyo, Paris et Pékin. Et pourtant, les mécanismes financiers anglais sont d'une simplicité désarmante.