Novembre dernier, De Villepin sonnait l'alarme : la France manquera de diplômés du supérieur. Mais toute chose étant égale par ailleurs, autant on s'étonne de ce que les diplômés manqueront au pays du savoir par excellence, autant on se pose inévitablement la question en ce qui nous concerne. D'abord des similitudes, la France, comme la Tunisie, a produit ces dernières années beaucoup de diplômés du supérieur. Bien plus de ce dont aurait besoin le marché de l'emploi. D'où , bien sûr, ce phénomène récurrent et qui tient à la stérilisation des diplômes du fait que la prolifération des filières - que nous avons par ailleurs calquée sur les schémas français - n'a pas eu du répondant sur un marché de l'emploi où le privé reste réticent et où le public est saturé. Quand le chômage qui a été résorbé sur les dix prochaines années, sera-t-on sûr que l'université maintiendra encore la cadence habituelle dans la sécrétion des diplômés du supérieur ? Au regard des besoins futurs du marché de l'emploi, les experts pensent que « les besoins de formation supérieure pour l'économie et le secteur public varieront entre les 40 et 50% ». Sauf que nous n'utilisons pas de manière optimale nos diplômés du supérieur, avec un taux d'emploi qui reste en deçà des pronostics, même si une légère progression a été enregistrée lors de ces derniers mois. Or selon des projections bien étudiées les besoins des recruteurs public et privé devraient croitre autant pour les titulaires de master que ceux des licences. Et avec la diversification des services, il n'est pas dit que les filières des sciences humaines continueront d'être contre-productives et que les filières en vogue actuellement le seront encore dans dix ans. Comment convaincre les jeunes de prolonger leurs études ? La sensibilisation selon les experts commence dès le lycée, en améliorant la poursuite d'études dans les filières professionnelles et, en France, on propose même d'instituer des « heures de découverte du même nom et, même, de professionnaliser la dernière année d'études ». La vérité est que, comme le dit Friedman, l'emploi est fluctuant. Mais il a peut être omis de dire que ce ne sont pas les entreprises qui créent l'économie. Dans sa vision anti-dirigiste et trop libérale, il ne pouvait pas dire que c'est l'université qui gère l'économie. Et non l'inverse.