Par Malek Slim - La déclaration du vice-président américain John Biden, au sujet de l'Irak, sonne comme un aveu d'échec de la politique américaine dans ce pays depuis que Washington a décidé en 2003 de l'envahir pour l'occuper après avoir écrasé son armée et chassé du pouvoir ses dirigeants. Sous tutelle étrangère depuis bientôt huit ans, l'Irak auquel les occupants avaient promis, liberté et prospérité, est tout sauf un pays au sens connu du terme. La promesse de l'administration Bush de faire revenir ce pays à l'âge de la pierre se vérifie jour après jour à tous les niveaux. Les Irakiens eux-mêmes sont en grande partie responsables de l'état dans lequel se trouve leur pays, jadis prospère et très avancé dans plusieurs domaines. Le passé sanglant qu'avait connu, l'Irak a toujours conditionné les rapports entre ses habitants et constitué une barrière infranchissable face à toutes les tentatives de réconciliation, pourtant indispensable pour vivre en paix et dans un minimum d'harmonie à même de rendre possible la reconstruction et permettre aux générations futures de dépasser les contentieux d'un passé douloureux. La présence étrangère n'a fait qu'exacerber les ressentiments, en jouant sur le tableau des divisions ethniques et confessionnelles au point qu'aucune ébauche d'issue pour sortir de l'impasse n'est plus possible. A cela s'ajoute bien sûr les ingérences des pays voisins qui ne manquent pas de visées sur cet espace aux grandes richesses en pétrole et autres ressources qui ne font qu'attiser les convoitises. Le repli sur l'espace ethnique et confessionnel rend impossible toute approche visant la remise sur pied des structures indispensables pour un Etat viable, capable de s'acquitter de sa mission, de gérer les affaires du pays et de donner des gages d'assurance pour une population meurtrie par trois décennies de conflits armés (guerre de huit ans avec l'Iran, première et deuxième guerres du Golfe, violence interethnique et attentats sanglants) et dont le tribut payé en vies humaines est ahurissant. La démocratie tant vantée par les occupants a abouti sur un constat d'échec au point que depuis bientôt un an on peine à trouver un minimum d'entente entre les partis vainqueurs de la dernière consultation pour former un gouvernement qui jouirait de cette crédibilité nécessaire pour tout exercice du pouvoir. Le nouveau cabinet, récemment formé a été contesté avant d'être présenté au parlement. Ceci augure de lendemains encore plus difficiles pour le pays et d'un avenir de plus en plus incertain. Les parrains américains de cette parodie de démocratie reconnaissent d'ailleurs que l'Irak en l'état actuel des choses est incapable de se prendre en charge. Et pourtant leur décision de donner les clés de la maison à ses propriétaires a déjà été prise. Ils ont annoncé leur retrait presque définitif vers la fin de l'année prochaine pour ne garder sur place qu'un petit contingent militaire pour l'encadrement de l'armée et des forces de sécurité. La déclaration du vice-président américain, semble destinée à l'opinion aux Etats-Unis pour la préparer à un éventuel et probable changement de cap qui viserait à prolonger la présence des forces US pour une date indéterminée. La crainte de Washington de voir l'Irak tomber dans l'escarcelle iranienne pourrait être l'explication à ce début de revirement qui dénote une fois de plus du manque de visibilité des responsables américains et de l'absence d'une véritable stratégie pour l'Irak et pour toute la région.