« Le taux de matières organiques dans notre sol est de 0,7 à 0,8 % alors que la moyenne dépasse les deux pour cent. Les deux tiers de notre territoire sont menacés par la désertification. Nous avons donc intérêt à valoriser nos déchets » c'est ainsi que le ministre de l'Environnement et du Développement Durable, Nadhir Hamada, s'est adressé aux hommes d'affaires tunisiens et leurs homolgues européens lors de la bourse d'affaires entre professionnels pour la valorisation agricole des boues urbaines (boues des stations d'épuration des eaux usées urbaines) Tunis BIOSOLIDS 2007. La bourse a été organisée conjointement par le Centre International des technologies de l'Environnement de Tunis (CITET), la Coopération Technique Allemande (GTZ) et l'Office National de l'Assainissement (ONAS). Elle s'est déroulée hier et avant-hier au siège du CITET. Objectif ; « mettre en relation des professionnels européens et tunisiens afin de développer des partenaires d'affaires basés sur la mise en application de solutions techniques éprouvées dans le domaine de la valorisation des boues urbaines ».
La valorisation des déchets a certes des avantages économiques. L'agriculture tunisienne peut également en bénéficier et ce en intégrant les composts et les boues des eaux traitées dans le sol. Pour mieux concrétiser cette finalité, le ministère de l'Agriculture et des Ressources Hydrauliques procèdera à partir de la prochaine saison agricole à la réalisation d'une expérience pilote dans la région de Zaouia à Sousse. Concrétisée conjointement avec les ministères de la Santé publique et de l'Environnement et du Développement durable, l'expérience vise à tester les bienfaits de cette matière organique sur la grande culture, les fourrages et les olives. Cinq parcelles seront concernées par cet essai. Les différents partenaires ont pour objectif, dans une deuxième phase de commercialiser cet engrais auprès des privés. Pour ce faire, une loi a été promulguée il y a cinq mois fixant les conditions et les modalités de gestion des boues provenant des ouvrages de traitement des eaux usées en vue de son utilisation dans le domaine agricole. Le texte stipule que « l'exploitation de cette matière de la part des agriculteurs est soumise à un cahier des charges approuvé par arrêté conjoint du ministère de l'Agriculture et des Ressources hydrauliques et le ministère de l'Environnement et du Développement durable. Les boues ne peuvent être utilisées dans le domaine agricole que si elles sont conformes aux normes et à la réglementation en vigueur y afférentes. L'article 5 du deuxième chapitre précise que l'utilisateur des boues est tenu de respecter les règles sanitaires et les précautions sanitaires relatives au port d'une tenue spéciale de travail, à la réalisation des examens médicaux et des vaccinations décidées par les services médicaux et au suivi de son état sanitaire selon des textes en vigueur dans le domaine d'usage des eaux traitées ».
150000m3 de boues séchées L'Office Nationale de l'Assainissement (ONAS) qui produit cette matière depuis sa création à changé de stratégie et de mode de travail en 1998. Prévention et protection des utilisateurs obligent. L'office a stabilisé l'année dernière 1.100.000 m3 de boues, dont 150000m3 ont été séchés. Le volume de cette matière sera multiplié par deux à la fin du 11ème plan. Les chiffres de l'ONAS démontrent que la quantité de boue digérée humide atteindra les 200.000.000 m3 à la fin de ce plan. Le parc des stations d'épuration passera de son côté à environ 123 d'où l'augmentation de volume des eaux usées traitées. Il s'agit alors d'un créneau porteur aux investisseurs, notamment les jeunes diplômés. Gérer le secteur en se basant sur le concept, « développement durable » est également d'une importance majeure car il est question de la santé humaine ainsi que de la préservation du sol et de la biodiversité.