Les Cheminots ont fait l'actualité ces deux derniers jours. Une grève sauvage décrétée vendredi dernier avec trois cents trains qui se sont immobilisés dans leur gare. Puis la libération du conducteur du train assumant une part de responsabilité dans l'accident du 24 septembre dernier. Et enfin, bonne nouvelle, la renonciation à la grève initialement prévue pour le 16 décembre prochain. Pour en mesurer l'importance, lisez ces chiffres : 34 millions de voyages par an entre Tunis et banlieues (Sahel et Borj Cédria) ; 6 millions à travers les lignes inter-urbaines en plus de 12 millions de tonnes de phosphates ! Que syndicat et administration aient trouvé une plate-forme d'entente, à savoir la création d'un Fonds Social et l'actualisation du tableau d'avancement professionnel des cadres et des agents de la SNCFT, cela tient à deux éléments essentiels. Le premier a trait à la disponibilité de l'Etat au dialogue, et à son souci d'un social à la fois quantitatif et qualitatif. Le deuxième tient aussi à la nature même du secteur : il se proclame en effet d'un corporatisme avec ses particularités propres. Ce n'est donc pas à proprement parler du syndicalisme classique. Et d'ailleurs, partout dans le monde, à travers l'histoire c'est le syndicalisme qui s'est ancré aux chemins de fer et non l'inverse. A priori, donc, le 16 décembre, les trains siffleront trois fois comme d'habitude. Sur le plan, tout se remet sur les rails. En revanche, les télécommunications menacent de couper les lignes. Voilà donc qu'un mot d'ordre de grève est lancé pour le 19 janvier. La Centrale syndicale s'oppose à la privatisation de l'entreprise et au programme volontaire de départs à la retraite. Sur ce plan, précisément, on ne comprend pas. La Centrale syndicale s'oppose au rallongement de la vie active : la retraite à 62 ans et en même temps elle s'oppose aux départs volontaires à la retraite ! Tunisie Télécom affirme que l'entreprise envisage de recruter 500 diplômés du supérieur. C'est quand même un argument de taille… A la fin des fins, les annonces, par ci, par là, de débrayages sont pour le moins malvenues… Car nous sommes à la veille d'un nouveau round de négociations sociales. Et comme toujours, les parties trouveront le moyen de se rejoindre sans pour autant se déjuger, car il s'agit de macro-équilibres, de pouvoir d'achat et de l'équation « social/économique ». Un corporatisme épidermique ne ferait qu'alimenter les surenchères. Une grève pour un oui ou pour un non renvoie à un néologisme à la mode : « La gréviculture », et finalement à l'anti-culture sociale.