« Et nous avons fait de l'eau toute source de vie ». C'est ainsi que Dieu le Seigneur magnanime a célébré l'eau dans le Coran et les Saintes écritures, c'est dire la sacralité de l'eau dans la survie des êtres vivants et de la planète tout entière. La Tunisie qui n'est pas un pays très arrosé par les pluies et qui n'a pas de grands fleuves comme le Soudan, l'Egypte, ou les pays du Nord de la Méditerranée a pourtant toujours été une « civilisation de l'eau ». Nos ancêtres les Berbéro – Numides ont été les premiers à cohabiter avec cette réalité : la rareté de l'eau et la nécessité d'y remédier et de la maîtriser. Puis c'est avec les Romains grands conquérants mais aussi grands bâtisseurs que les aqueducs ont poussé comme des champignons avec en apothéose le grand canal de Zaghouan porté par ces immenses colonnes que vous pouvez admirer du côté des « Hanayas», du Bardo ou sur la route de l'ancienne Tuburbo Majus en direction du Fahs. J'insiste en passant auprès de qui de droit sur la nécessité de restaurer ces ouvrages titanesques et admirables de beauté, qui donnent une idée réelle aux nombreux touristes et visiteurs de la Tunisie, sur la puissance et le rayonnement de la « proconsulaire » romaine qu'était la Tunisie. C'est du côte de l'Historien et père de la Sociologie Abderrahman Ibn Khaldoun ou de Ibn Al Athir dans son histoire universelle que vous trouverez les reportages les plus anecdotiques sur cet aspect très propre à la Tunisie et son urbanité grâce à sa bonne gestion de l'eau. Ce dernier raconte qu'en route vers la capitale aghlabite renommée par ses « faskias », les bédouins de Béni Hilal et Béni Souleim, ont été surpris par le nombre de villes et villages verdoyants du Sud et du centre tunisiens à tel enseigne qu'ils croyaient chaque fois être arrivés aux portes de Kairouan ! Et Ibn Al Athir d'ajouter avec quelques pointes de cynisme, que ces « hordes », étaient très ignorantes de l'Histoire et de la géographie ! Cette histoire et ces techniques très raffinées de maîtrise puis de distribution rationnelle de l'eau ont fait l'objet d'une belle émission télévisée sur Canal 21 « Safahat min al omr » (Pages d'une vie), animée par notre jovial et très sympathique collègue : Si Lotfi El Fehri avec un invité de marque : M. Ameur Horchani Ingénieur émérite ancien secrétaire d'Etat et expert international des eaux. De Si Ameur je dirai seulement qu'il est peut être le seul avec l'ancien grand ministre de l'Agriculture Si Lassaâd Ben Osmane à pouvoir vous dire s'il y a de l'eau sous vos pieds … là ou vous êtes ou là ou vous marchez ! Je me rappelle encore ce jour d'été des années 80 à Kairouan du côté de Garaât El Blidet, une plaine de plusieurs centaines d'hectares du côte de Sidi Ali Ben Nasrallah, assoiffée et sans eau, où j'ai demandé à Si Lassaâd, que Dieu le garde, M. le Ministre y a-t-il de l'espoir de trouver de l'eau ici pour tous les éleveurs démunis et qui souffrent le martyr par manque d'eau. Il m'a répondu ! Une chance sur mille, mais avec le barrage Sidi Saâd la nappe a du être alimentée naturellement par certaines « fuites » des couches géologiques et d'ajouter : « Tentes le coup… on verra bien ! ». Quelques semaines plus tard, feu Si Khemaïs El Alouini, un autre ingénieur émérite, a opéré un sondage et l'eau jaillit du fond de la terre comme une bénédiction pour le grand bonheur des hommes ! Merci Si Lassâad, Si Ameur et Si Alouini… grands commis de l'Etat et seigneurs de l'eau vous avez été admirables de persévérance et d'abnégation pour nous permettre aujourd'hui d'avoir de l'eau en abondance ! Aux jeunes de préserver ces acquis et surtout de penser à économiser ce bien précieux et rare qu'est l'eau pour que notre pays soit toujours vert et lumineux. K.G