Dans le cadre du centenaire du poète national Mustapha Khraïef, le Club « Idhafet » de la Maison de la Culture Ali Ben Ayed à Hammam-Lif a organisé vendredi dernier (17 décembre), une conférence sur la pensée politique dans la poésie de Mustapha Khraïef, donnée par Jallal El Mokh, écrivain et président de l'Union des Ecrivains Tunisiens (section de Ben Arous). Un public, formé essentiellement d'hommes de lettres et de culture de la région, était présent à cette conférence. Jallal El Mokh, qui a déjà publié plusieurs anthologies sur d'autres poètes et écrivains tunisiens et arabes, notamment Abou Kacem Achabbi et Jabrane Khalil Jabrane, a fouillé dans les œuvres poétiques de Mustapha Khraïef pour dénicher un bon nombre de poèmes où se manifestent le militantisme du poète et son engagement politique dans la lutte contre le colonialisme, pour montrer que le poète n'était pas seulement le chantre de la beauté, de la nature et de l'amour, mais également le porte-parole de tout un peuple vivant sous le joug de l'occupation et qui aspirait à l'indépendance et à la liberté. Durant son existence, Mustapha Khraïef a vécu les grands événements du siècle dernier, a précisé le conférencier, comme les deux guerres mondiales, la guerre en Palestine, le mouvement national. La prise de position du poète était claire : son appel à la résistance sous toutes ses formes, par les armes comme par la plume. Le conférencier a montré, tout en citant des vers puisés dans les œuvres du poète, notamment « Chouâa » et « Chawk wa Dhawk », avec quelle ferveur il voulait mobiliser son peuple contre le colonisateur et l'inciter à prendre en main son destin. Il a souligné que le militantisme politique du poète l'avait poussé à fonder le journal « Le Destour » en 1937, convaincu que la plume était une forme non moins efficace de lutte contre le colonialisme. Le conférencier relatait parfois des anecdotes pour illustrer l'engagement total du poète à la cause de son pays et aux droits de ses compatriotes ; il a rappelé à ce propos le refus du poète de faire l'éloge du résident général qui avait à l'époque entrepris une collecte de dons pour les victimes de guerre, et ce malgré les tentations. L'engagement politique, a indiqué Jallal El Mokh, n'a pas cessé avec la fin de la colonisation, il se poursuivait même après l'indépendance du pays en prenant d'autres formes, notamment l'appel à l'édification d'une Tunisie moderne en s'adressant à la jeunesse du pays. La pensée politique de Mustapha Khraïef a dépassé les questions nationales pour aborder celles des peuples maghrébins, africains et arabes, dont la plupart venaient de se libérer du joug de la colonisation. Le conférencier a déclamé devant les assistants un bon nombre de poèmes écrits par Mustapha Khraïef, qui furent dédiés aux grands réformateurs tunisiens et arabes, tels que A. Thaâlbi, Moncef Bey, Abou Kacem Chebbi, Ibn Khaldoun, Okba Ibn Nafaâ, Tarak Ibn Zied…Plusieurs autres poèmes furent destinés par l'auteur à l'unité entre les pays maghrébins, passant ainsi pour le précurseur de l'Union du Maghreb Arabe. L'intérêt du poète s'est porté également sur le monde arabe et l'Afrique, en appelant dans sa poésie, à la nécessité de faire face à l'hégémonie et aux convoitises des puissants.