Un hommage a été rendu au compositeur et chanteur engagé Hédi Guella, le vendredi 03 mars courant, par le Club Culturel d'Hammam-Lif en collaboration avec le Club littéraire « Idhafet ». Dans une ambiance conviviale et chaleureuse et devant une assistance assez nombreuse, formée essentiellement des amis des deux clubs et de quelques invités d'honneur dont le romancier Hassen Nasr, le poète El Ich et le frère de Hédi Guella, le Président du Club « Idhafet », l'écrivain et poète Jalal El Mokh, a donné un aperçu sur la vie et le parcours artistique du chanteur, absent depuis plusieurs mois de la scène musicale à cause d'une maladie foudroyante qui l'a immobilisé au lit. (Son dernier concert remonte au 16 juillet 2011 au Palais Abdellia dans le cadre du festival de Carthage) Il a indiqué que depuis quatre décennies, Hédi Guella avait choisi un parcours parsemé d'obstacles et d'embûches pour parler au nom des pauvres et des opprimés, si bien qu'il avait et a encore une grande estime dans le milieu des travailleurs et des étudiants. Ses chansons étaient une arme redoutable brandie contre les tyrans, tout en étant aux côtés des « damnés de la terre » qui ont toujours souffert d'une injustice sociale, économique et politique. Des chansons qui clamaient la liberté, les rêves et les espoirs des couches populaires les plus démunies qui aspiraient à une vie démocratique où règnent la justice sociale, la paix, la liberté et la dignité humaine. Ces chansons ne concernaient pas seulement ses concitoyens tunisiens, mais avaient pris aussi une dimension maghrébine, arabe, voire mondiale, si bien qu'elles sont écoutées un peu partout, même en Europe où il avait organisé un bon nombre de concerts. Jalal El Mokh a ajouté dans son exposé que Hédi Guella était le porte-parole de milliers de citoyens arabes qui vivent dans l'injustice et la misère, sous le joug de tyrans. Des chansons visionnaires qui annonçaient un avenir meilleur plein de liberté et de justice : la Révolution du 14 janvier 2011 aura certainement vu se confirmer les rêves de Hédi Guella, « quoiqu'il n'appelle pas les événements de l'année 2011 « révolution » mais « révolte » car il considère que la révolution ne fait que commencer », a conclu Jalal El Mokh. Par la même occasion, Jamel Guella, le frère de Hédi, lui-même musicien, a animé cette rencontre en interprétant, accompagné de son luth, quelques unes des chansons de son frère dont « Ila Toughat Al Alem » de Abou Kacem Chebbi dans laquelle le poète dénonce le colonialisme français : « Ô tyran oppresseur.../ Ami de la nuit, ennemi de la vie.../ Tu t'es moqué d'un peuple impuissant / Alors que ta main est maculée de son sang. » il a également interprété une chanson écrite par le poète palestinien Mahmoud Darwich et a fini par un tube populaire qui a été fredonné par les jeunes durant plusieurs années, « Babour Zammar », que Hédi Guella avait composé et chanté dans les années soixante dix, au moment des premières vagues d'immigration de jeunes Tunisiens sans travail vers l'eldorado européen, fuyant la misère et dans l'espoir de trouver un avenir meilleur . Le poète et écrivain Abdeljabbar El Ich, auteur du recueil « Joullanar » a participé à cet hommage avec un poème intitulé « Al Chahid » (le martyr) qui a procuré la satisfaction de toute l'assistance. Bref, c'était une belle initiative prise conjointement par le Club Culturel d'Hammam-Lif et le Club littéraire « Idhafet » qui a permis aux assistants de vivre des moments d'émotion et des souvenirs nostalgiques d'une figure emblématique de la chanson engagée en Tunisie, Hédi Guella, à qui les assistants ont adressé des vœux de prompt rétablissement !