Lotfi OUENNICHE - Oui, Marine Le Pen est décidément la fille de son père. Comme lui, elle excelle dans le langage cru, et l'art de la provocation. Elle distille savamment, ses propos racistes et étale à force d'arguments fallacieux ses idées haineuses à l'encontre de l'Autre. Pour Jean Marie Le Pen, le père cet Autre était l'immigré maghrébin et africain qu'il s'efforçait de présenter comme l'incarnation de tous les maux dont souffrait la France dans les périodes où la politique peinait à trouver des solutions aux problèmes du chômage, de la délinquance et de la précarité de la vie. Cette stratégie a servi de parcours politique au patron du Front National français, le propulsant maintes fois au sommet des sondages d'opinion et des taux de popularité et permettant à son parti de concurrencer les traditionnels grands partis français dans les joutes électorales. Aujourd'hui, sa fille suit la même trajectoire avec une évolution tactique et une ambition dévorante de pouvoir en empruntant les voies les plus maléfiques. Marine Le Pen, ne vise pas apparemment que la succession de son père à la tête du Front National, elle voit plus grand, peut-être la présidentielle de 2012 et la réédition de l'exploit de son père à la présidentielle de 2002. Elle utilise pour atteindre ses objectifs, l'artillerie lourde et par ces temps où un vent d'islamophobie déferle sur l'Europe, elle choisit sa cible : l'Islam et les Musulmans. On ne peut pas trouver meilleur bouc émissaire pour monter au créneau sur la scène politique de son pays. Et voilà qu'elle remémore aux Français de sombres souvenirs en comparant les prières de rue des Musulmans à l'occupation nazie. Triste amalgame que de mettre sur un pied d'égalité de paisibles fidèles dans l'accomplissement de leur devoir religieux, faute de place dans les mosquées et une occupation implacable et sournoise. Mais c'est la logique de Mme Marine Le Pen qui, dans un clin d'œil à la décision des Suisses, se déclare hostile à la construction des minarets. Il est navrant qu'à l'approche de chaque échéance électorale, des hommes et des femmes politiques règlent leurs comptes sur le dos des éternels boucs émissaires, l'immigré et le musulman.