• Pour le Patronat, c'est une entorse au principe du «tripartisme»: administration/employeurs/salariés • Pour l'UGTT « c'est un faux problème » Un bras de fer oppose, depuis quelques semaines, l'Union Générale Tunisienne du Travail (UGTT) et l'Union Tunisienne de l'Industrie, du Commerce et de l'Artisanat (UTICA) sur la constitution d'un syndicat des inspecteurs du travail affilié à la centrale syndicale. L'organisation patronale estime que l'affiliation des inspecteurs du travail à l'UGTT représente une « entorse au principe de la neutralité» de ces fonctionnaires relevant du ministère des Affaires sociales et chargés de veiller à l'application des dispositions légales et réglementaires régissant les relations du travail. « En rejoignant l'UGTT, les inspecteurs du travail sont en quelque sorte devenus juge et partie. Ils risquent, en effet, de s'aligner à tous les coups sur les positions de la centrale syndicale dont il font désormais partie et de prendre , ainsi, des décisions inéquitables à l'égard des employeurs alors qu'ils sont tenus d'être neutres», déplore M. Sami Sellini, directeur central des affaires sociales à l'UTICA. Et d'ajouter : « Il s'agit également d'une atteinte grave au principe du tripartisme (administration, employeurs et salariés) sur lequel repose le dialogue garant de la paix sociale en Tunisie». Sans aller jusqu'à réclamer ouvertement la dissolution du nouveau syndicat des inspecteurs du travail créé le 5 décembre courant au sein de la centrale syndicale, M. Sellini invite les autorités de tutelle à intervenir pour corriger cette « anomalie» qui intervient peu avant le démarrage du 8ème round des négociations sociales au cours duquel les inspections du travail seront appelées à jouer un rôle d'arbitrage et de conciliation. «Il existe une inquiétude généralisée chez les chefs d'entreprises qui estiment qu'on ne pourra plus dorénavant dissocier les positions des inspecteurs du travail de celles de l'UGTT. D'où la nécessité de rectifier le tir», précise-t-il. «Un faux problème » Du côté de l'UGTT, on estime, en revanche, que l'affiliation des inspecteurs du travail à la centrale syndicale n'est en aucun cas contradictoire avec leur mission. « En fait, il s'agit d'un faux problème puisque les inspecteurs du travail ne font qu'appliquer des lois et des règlements clairs et précis. Aucune menace ne pèse, de fait, sur la neutralité de ces fonctionnaires qui n'ont pas, faut-il le rappeler, une importante marge de manœuvre en matière d'interprétation des règlementations régissant le monde du travail», souligne M.Hassine Abbassi, secrétaire général adjoint de l'UGTT chargé de la législation. Même son de cloche chez M.Fethi Ben Romdhane, secrétaire général du syndicat des inspecteurs du travail : «Nous avons rejoint les rangs de l'UGTT car nous n'avions aucune structure habilité à défendre nos intérêts. L'association des agents des inspections du travail n'avait pas une vocation syndicale » M. Ben Romdhane estime également que l'amélioration de la situation morale et matérielle des inspecteurs du travail « ne pourrait que «renforcer leur indépendance et leur neutralité». Il rappelle aussi qu'aucune réglementation internationale ou nationale n'interdit la constitution d'un syndicat qui défend les intérêts des inspecteurs du travail. A noter que la Tunisie compte près de 550 inspecteurs du travail, dont 98% sont des diplômés de l'enseignement supérieur.