Ce recueil de nouvelles est le premier du genre dans le parcours littéraire de l'écrivain Mohamed Jouou. L'auteur a déjà publié quantité d'autres ouvrages, dont le dernier fut le roman « L'homme qui brûla ses habits », paru en 2009. Pour cette fois, l'écrivain se lance dans un autre genre, celui de la nouvelle. Un genre, on le sait, qui a acquis ses lettres de noblesse depuis le XIXème siècle avec Guy de Maupassant et continue jusqu'à nos jours à intéresser les auteurs comme les lecteurs. Pas mal de nos écrivains contemporains préfèrent écrire des nouvelles, non qu'ils soient tentés par la facilité ou motivés par les besoins d'un lecteur pressé, mais parce que ce genre littéraire a aussi son originalité, ses techniques, ses charmes et ses attraits, si bien que les recueils de nouvelles se vendent comme des petits pains dès les premiers jours de leur parution. Dès lors, il apparait que la lecture des nouvelles procure le même plaisir et la même satisfaction qu'on retrouve en lisant un roman. En optant pour la simplicité de la trame et en privilégiant la brièveté et la concision dans l'expression, le nouvelliste a l'art de toucher et de convaincre plus facilement que le romancier. « La Maison des souvenirs oubliés » de Mohamed Jouou est un recueil de 120 pages comportant un bouquet de huit nouvelles poignantes, écrites dans un style clair et concis et qui se rejoignent autour d'un thème principal : le temps. Ce temps dont Baudelaire a dit un jour : « L'ennemi vigilant et funeste, le temps ». Le temps est donc le fil conducteur de ces huit nouvelles où les personnages semblent se résigner devant le temps, ce gouffre de malheurs et de souffrances qui, par moments, les mène à la dérive, au désastre, quoique l'auteur ait préféré finir chacune de ses nouvelles sur un ton optimiste comme pour rappeler au lecteur qu'il ne faut jamais perdre espoir. Certains événements, racontés en flash-back et à la première personne, renvoient à la biographie de l'auteur. Ils sont puisés dans son enfance ou sa jeunesse et la plupart des personnages font allusion à certains membres de sa famille ou de son entourage. L'omniprésence de l'enfant dans presque toutes les nouvelles témoigne de la grande nostalgie du temps passé avec toutes ses vicissitudes ! Si les faits renvoient à des époques diverses (passé, présent et futur), leur cadre spatial est, en revanche, marqué par une forte empreinte régionale et se déroulent dans le Grand-Tunis, principalement à Hammam-Lif, cette belle localité de la banlieue sud dont l'auteur est originaire. Les passages descriptifs mettent en scène des lieux ou des personnages. Quoique parfois assez longs, ils permettent de renforcer l'attention du lecteur et l'inciter à découvrir la suite des événements. Cependant, les titres donnés aux différentes nouvelles de ce recueil peuvent ne pas révéler, de prime abord, la teneur du récit, et souvent il faut s'attendre à une chute imprévisible et surprenante. Un recueil à lire et faire lire ! Hechmi KHALLADI *« La Maison des souvenirs oubliés » de Mohamed Jouou, novembre 2010, 120 pages